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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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6 décembre 2009

BARRY Sebastian / Le testament caché.

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Le testament caché.
Sebastian BARRY.
Note : 4 / 5.

« Ma foi, si c'est une guerre « civile », je n'aimerais pas en vivre une sauvage* »
C'est le quatrième roman de cet auteur irlandais que je lis, mais seulement deux sont chroniqués ici. Écrivain complet, passant de la poésie au théâtre, il est connu comme un des plus grands dramaturges contemporains. Sa pièce « Le régisseur de la chrétienté », qui se passe également dans un asile psychiatrique, a été jouée à Broadway avec Donald McCann dans le rôle principal.
Ce roman tourne autour de trois carnets de notes, celui de Roseanne, du Docteur Grene et du père Gaunt, trois versions à des époque différentes de ce qui fut la vie d'une femme internée pendant 50 ans. Roseanne McNulty (mais s'appelle-t-elle encore comme cela?) a environ cent ans, l'hospice dans lequel elle est internée depuis pratiquement cinquante ans va fermer ! Le docteur William Grene, directeur de l'établissement, doit statuer sur son sort! Pour bien cerner le problème, il voudrait savoir pourquoi et comment cette femme est arrivée là! A l'insu de tous, Roseanne écrit des mémoires, les drames qu'elle a vécus, cette nuit où elle vit des hommes sommairement abattus, la misère qui s'installe, l'incendie d'un orphelinat de jeunes filles qui fit plusieurs centaines de morts, la mort de son père retrouvé pendu, la folie de sa mère.
Puis la fin de son couple, l'isolement, malgré tout, la naissance d'un fils qui lui sera enlevé, et pour finir son internement.
Roseanne McNulty se remémore sa jeunesse, au cours de ces années terribles qui virent le pays se déchirer, l'auteur nous rappelle un chiffre, le premier gouvernement irlandais fit exécuter soixante dix sept hommes, soit plus que le gouvernement britannique pendant la guerre d'indépendance. Son père, Joé Clear, était gardien du cimetière ; presbytérien, il était malgré tout aimé dans le village. Jusqu'au soir où il voulut enterrer un membre de l'IRA abattu par les troupes régulières de l'État libre. Il demande au père Graunt de venir l'assister, mais il oublie que le clergé irlandais a excommunié les membres de l'IRA. A la suite de quoi, il perd son travail, et est retrouvé pendu! Mais cette version de l'histoire est-elle la bonne? Son mari, Tom, ses beaux-frères, Jack et Eneas. Tous les trois vont d'une manière ou d'une autre influer sur la vie et la déchéance de Roseanne. Le docteur William Grene est veuf, il s'attache à Roseanne et voudrait savoir pourquoi cette femme est là depuis si longtemps ?
Le père Gaunt, lui aussi, a laissé des mémoires qui diffèrent de celles de Roseanne, mais homme d'église intransigeant avec la foi et les bonnes mœurs, son témoignage est-il crédible? N'oublions pas non plus que l'église est devenue depuis l'indépendance toute puissante. De Valera se servira d'elle pour assoir son pouvoir.
John Lavelle, membre de l'IRA, hostile au traité de Paix. Il vient de loin, natif d'une île du Mayo, il revient de loin, il a vu son frère abattu par les troupes de l'Etat libre, il voulait partir loin, en Amérique, mais il ne connut que la prison de Curragh. La victoire de De Valera aux élections cesse de faire de lui un fugitif.
L'écriture est précise et belle. Un très grand roman, mais l'auteur ne nous aide pas pour une lecture aisée. Le destin d'une femme ordinaire qui a eu la malchance de naître au mauvais moment. L'originalité de Sebastian Barry est de jouer dans l'ordre d'écriture de ses romans avec la chronologie, comme par exemple dans « Anne Dunne » et « Un long, long chemin »parus en France en 2005 et 2006. L'histoire d'«Anne Dunne » se passe après celle de « Un long, long chemin », et ce, non pas par la volonté de l'éditeur, mais celle de l'écrivain. Dans ce livre, il fait ressurgir Enas McNulty, héros de son premier roman.
Par l'intermédiaire de Roseanne, l'auteur nous raconte l'histoire trouble des premiers pas de l'indépendance irlandaise et de la guerre civile qui débutât tout de suite après.
Extraits :
- Mais toutes les choses humaines sont peut-être petites et étroites.
- On aurait pu penser qu'il n'avait pas de place en histoire de l'Irlande en tant que presbytérien. Il comprenait cependant la rébellion.
- Mais le prêtre avait l'air sacro-saint, virginal, détaché, comme détaché de l'histoire de l'Irlande.
- Le destin de mon père voulait que ces choses lui arrivent.
- Il existe un moment dans l'histoire de chaque enfant battu où il abandonne ses espoirs de dignité...
- Vous n'ignorez pas, Roseanne les troubles récents en Irlande et ces troubles ne sont favorables à aucune secte protestante.
- Il me dévisageait avec ses yeux de la couleur douteuse et bizarre des algues. Les algues de son île étaient dans ses yeux.
- Clinton avec son cigare était nettement mieux que Bush avec son fusil.
- Être refoulé à l'entrée aurait été pareil que, disons, être excommunié, se voir refuser la communion, comme les hommes de l'IRA pendant la guerre civile.
- La nymphomanie est naturellement par définition une forme de folie.
- Le pouvoir absolu d'hommes comme le père Gaunt menant directement à une complète corruption.
Éditions : Joëlle Losfeld (2009)
Titre original : The Secret Scripture. (2008).
* Brendan Behan.

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Commentaires
E
Bonsoir Cécile.<br /> Avec un autre auteur, je t'aurais répondu oui, mais dans le cas présent non. Et puis Eneas Mc Nulty n'est pas un personnage qui reste longtemps dans le livre, mais il laisse une trace.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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C
Il me fait de l'œil depuis sa sortie mais j'en ai déjà deux dans ma PAL : Un long long chemin et Eneas McNutty. Si j'ai bien compris il faut que je lise Eneas McNutty avant celui là ?
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E
Bonjour Ys.<br /> C'est exact qu'il y a certaines similitudes avec « L'étrange disparition d'Emma Lennox ».<br /> La lecture de ce roman n'est pas des plus aisées, et il est facile de se perdre en route. Personnellement, j'ai préféré « Un long, long chemin » son roman précédant.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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Y
Ce roman avait tout pour me plaire, le pitch me rappelait "L'étrange disparition d'Esme Lennox" de Maggie O'Farrell que j'ai beaucoup aimé. Mais j'ai abandonné ma lecture après une cinquantaine de pages vraiment ennuyeuses à mon goût...
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