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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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29 novembre 2009

BLONDIN Antoine / L'ironie du sport

L_ironie_du_sport

L'ironie du sport.
Antoine BLONDIN.
Note : 5 / 5.
Le sport....................Jadis!
En ce temps de veaux gras pour certains sportifs et de vaches maigres pour les tenants d'une certaine étique sportive, relisons Antoine Blondin. La poule aux œufs d'or et le cochon de payant, fable moderne ayant pour cadre un stade, ces arènes modernes.
J'ai déjà ici parlé d'Antoine Blondin pour son ouvrage « Sur le Tour de France ». J'appréciais particulièrement sa verve, son franc-parler et son humour teintés de poésie. De 1954 à 1982, il a écrit sept cents chroniques pour le journal « L'équipe », certaines sont réunies dans ce livre.
Du tour de France de 1954 qui sera son premier aux championnats d'Europe d'athlétisme en 1982, le tour est bouclé, du vélo à la cendrée, salut l'artiste.
Je ne connais du bobsleigh que quelques images vues à la télévision, Blondin y consacre quelques lignes écrites pendant les J.O. d'hiver de Cortina d'Ampezzo. Il parle d'un dénommé Robin, qui était pilote du double français, qui a refusé de partir pour la seconde manche, victime d'une angoisse insidieuse, son copain Grosso approuvait-il ce choix? C'était l'époque où cette spécialité était parfois une course à la mort, les dénommés Fould et un champion du monde Hendricks l'ont appris à leur dépends.
Un peu de gaité, un après midi au « Vel d'Hiv » pendant les 6 jours de Paris, la rencontre inopinée entre un père qui devait être à son travail au ministère et un fils qui était censé être à l'école! Sur la piste, les coureurs chassaient la prime têtes baissées, sur un podium Minou Drouet déclamait un poème, commentaire de Blondin :
-….récitait un morceau de sa composition, dans ce style finaud, hermétique et bretonnant qui a assis son triomphe auprès de classes populaires.
Dans mes souvenirs et dans ceux de Blondin figurent le Racing Club de Paris (l'ancien), équipe de foot qui jouait tous ses matchs à l'extérieur! Pour un RCP-Rennes, par exemple, le public était en grande majorité breton, et nordiste pour la venue de Lille.
De Roland-Garros à Paris-Roubaix, la gouaille de Blondin rendait le sport aux hommes et aux femmes, des soeurs Press* à Wilma Rudolph, de Michel Macquet à Guy Texereau.
Les personnages sont les spectateurs vus au détour d'un virage, aperçus au sommet d'un col. C'est ce gamin impertinent dans un article le bien nommé « Cépage est sans pitié » qui dit à Blondin :
-« Dites, je vous ai vu passer au pied du Chioula dans cette auto rouge. Vous dormiez avec le chapeau sur la tête. Qu'est-ce que vous teniez! »
Cette Madame Louise, poissonnière qui accompagnait son mari au stade et qui veuve, y retourne malgré tout, l'auteur lui rend un hommage tout en délicatesse :
-Ses bijoux ordinaires sont des écailles scintillantes abandonnées à l'annulaire.
Les sportifs aussi, bien sûr, certains restent dans les mémoires, Anquetil, Bobet, Kopa, Poulidor, Hinault mais d'autres sont passés de la gloire à l'oubli, un petit mot sur un Breton, Fernand Picot surnommé « Le réduit breton » en raison de sa petite taille, mais qui finit en 1956 second du classement par points du tour de France.
On sent, mais encore de manière diffuse, que les problèmes de dopage et d'argent approchent à petit pas, Blondin le souligne dans quelques-uns de ses articles.
Un petits florilège des noms des chapitres:
Du pin et des jeux; De la chambre d'appel à la femme de chambre; On aime d'abord l'ovale...pour sa rondeur; L'affaire est dans le sacre; L'épée dans l'airain, et un dernier pour la route, L'Aimar au diable etc....
Une image pour le jeune homme que j'étais (Jadis!), une nageuse américaine Shirley Babashoff dont la plastique ne me laissait pas indifférent. Je l'ai vu la première fois (sur un écran de TV) à Munich, puis quatre ans après à Montréal. Pour elle ce ne fut pas la ruée vers l'or. Malgré huit médailles elle n'a jamais été championne olympique en individuelle, dommage. Mais je me rappelle encore d'elle, par contre je n'ai aucun souvenir des lauréates! Une pensée émue pour Lilian Board, seconde du 400 mètres de Mexico derrière Colette Besson en 1968, puis double médaillée d'or aux championnats d'Europe d'Athènes en 1969, morte d'un cancer en 1970 à 22 ans.
D'autres souvenirs également, Christine Caron, croisée à la piscine de Pantin, un certain match de football, « C.A.Montreuil / Aix en Provence », quel intérêt me direz-vous? la présence dans l'équipe méridionale d'un certain Henri Michel.
Il est rare qu'un journaliste sportif soit également un poète dans l'âme, doublé d'un éternel adolescent, Blondin était tout cela. Et il faut aussi se souvenir quel grand écrivain il fut.
Enfin, cela fait du bien de retrouver le sport comme il devrait toujours être!Mais je dois faire maintenant partie des vieux ronchons dont la devise est « De mon temps »
Une parodie de Jacques Brel, encore :
Adieu, l'Antoine je t'aimais bien tu sais.
Extraits :
- Je peux bien le dire, mon grand regret est de ne pas m'être vu passer.
- Il racontait cela dans un livre intitulé : L'enfant chargé de chaînes, qui doit bien avoir quelque rapport avec la bicyclette....
- Mais je me sens à ma juste place. Car je crois à la nécessité des sportifs en veston.
- Pour lui, le sport dépasse son aspect ludique pour un aspect éthique : il cesse d'être un jeu pour devenir une morale. (Écrit en 1954! Note personnelle.)
-La neige possède les privilèges de l'éponge.
- L'amateur, au contraire, ne doit rien conserver que de louable dans son dessin. Par conséquent il ne gagnera pas plus d'argent, victorieux ou vaincu.
- …...mais, hélas, les années de champagne comptent double.
- Elle au moins n'attend pas un miracle du petit Jesoss, le soutien-gorge qui vous fait gagner d'une poitrine.
-...ignorant que l'étape Luchon-Pau aura la saveur mouvementée du dernier métro et que le rire, aussi, est parfois jaune.
Éditions : François Bourin. (1988) / Bouquins: Robert Laffont (1991)
* Tamara et Irina Press, leurs plastiques m'impressionnaient également,mais pas pour les mêmes raisons que Shirley Babashoff. Lanceuses de poids et de disques, elles régnèrent longtemps sur ces deux disciplines.

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Commentaires
E
Bonjour Christophe,<br /> Les plumes de maintenant me semblent manquées de lyrisme, ce sont des journalistes, pas des écrivains.<br /> Pour le dopage, c'est vieux comme le sport, mais il faut rester vigilent, car certaines performances laissent rêveur (ou dubitatif).<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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C
Si le sport a toujours été, malgré tout, un peu pourri (les affaires de dopage, entre autres), au moins, il y avait des plumes qui en parlaient merveilleusement bien. Evidemment, il nous reste Gérard Holtz, Pierre Menès, Eric Bayle,etc...certes des journalistes mais les articles de Blondin, ça avait une autre gueule...Qu'est-ce que j'avais aimé "Un singe en hiver" (tant pis si c'est un cliché)!!!
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E
Bonjour Cathe.<br /> C'est toujours avec plaisir que je feuillette ce genre d'ouvrage, mais maintenant il y a un peu d' amertume, quand je constate ce que le sport est devenu!<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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E
Salut Denis.<br /> Ta jeunesse a dû coïncider avec la mienne, si je ne m'abuse! J'ai en réalité trouvé la version « Bouquin » de chez Robert Laffont qui comprend dix titres, dont « Mr Jadis » et « Un singe en hiver » etc......<br /> Ah les fameux rouleaux « comPressoeurs » qui furent retirés de l'équipe de Russie quand les fédérations européennes décidèrent de rendre obligatoires des tests de féminité! <br /> On ne faisait pas le poids! <br /> A bientôt.<br /> Yvon
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C
Ce livre fait partie des classiques dont on relit souvent des passages à la maison avec plaisir :-)
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