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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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2 novembre 2009

BRUEN Ken / La main droite du diable.

La main droite du diable.
Ken BRUEN.
Note : 5 / 5.
Bienvenue dans la maison de Dieu.
Une autre enquête de Jack Taylor, qui après avoir parlé des « Magdalen Sisters » s'attaque aux prêtres pédophiles qui ont très longtemps et d'une manière absolument scandaleuse, sévi pendant des années en toute impunité. Un rapport accablant a été rendu publique ces derniers jours. Entre 1930 et 1990, il semblerait que près de 30000 enfants en aient été victimes avec la bénédiction des autorités religieuses et grâce également au silence des divers gouvernements. Environ 12000 victimes ont été indemnisées à hauteur de 65000 euros en moyenne chacune. En contre partie, elles ont renoncé à poursuivre l'Église et l'État!
Jack sort de plusieurs mois d'hôpital psychiatrique suite à la mort de Serena, fille de ses amis, Jeff et Cathy. Cette enfant atteinte de trisomie 21, qui était sous sa garde, est en effet tombée par la fenêtre pendant un instant d'inattention de Jack.
A son retour à Galway, il apprend une nouvelle qui stupéfie l'Irlande, un prêtre, le père Joyce a été décapité dans son église!
Retour dans les années 1950/1960, à l'intérieur d'une église catholique de Galway, un prêtre donne ½ couronne à un garçon de sept ans et lui glisse à l'oreille, « Garde cela pour toi, c'est notre secret » Combien seront-ils à souffrir pareillement? Quelques années plus tard, la même scène se reproduit avec un autre garçon. Soeur Marie-Joseph, qui travaille au presbytère, voit ces enfants sortir en larmes, elle ne dit rien, éprouve des remords parfois, un tour de rosaire et une glace apaise sa conscience. Deux hommes ont porté plainte, sont-ils le ou les meurtriers? Le premier, Tom Peel, s'occupe d'une agence de sécurité, il reçoit Jack et reconnaît que sa vie à partir de ce jour a été brisée, il est seul, sans épouse, ni enfant. Il dit à Jack : « si vous croisez le meurtrier, serrez-lui la main pour moi! ». Le second, Michael Clare, a professionnellement réussi, il dit être le coupable, mais Jack n'en est pas convaincu. Alors il interroge sa sœur, Kate, qui lui raconte que son frère a beaucoup changé à cette époque là! Mais il s'avère que la présence de Jack dans cette enquête n'est pas du goût des autorités.  Jack est toujours en quête de rédemption envers lui-même. Fortement marqué par la mort de Serena, il tente encore une fois de vaincre ses vieux démons.
Ní Iomaire ou Ridge dans sa version anglaise, ancienne collègue de Jack, est malgré tout une des rares personnes prête à lui venir en aide, même si parfois leurs relations sont très tendues. L'univers de Jack s'est fortement réduit ces derniers temps, Jeff et Cathy ont sombré, lui dans l'alcoolisme, Cathy semble être repartie à Londres, puis est revenue. Miss Bailey, son ancienne logeuse, qui l'a toujours soutenue, est morte. En un dernier geste d'amitié, elle lui a légué un peu d'argent et un appartement! Le père Malachy est un « ami » de la mère de Jack ; ce dernier le déteste, mais il acceptera d'enquêter pour lui sur la mort du père Joyce. Cody débarque dans la vie de Jack d'une manière impromptue, lui redonnant une certaine joie de vivre. Certaines personnes le prennent pour son fils!
On sent chez l'auteur une profonde nostalgie de ce qu'il appelle « L'ancienne Irlande »; on le ressent particulièrement quand il parle de Galway. L'argent et la cupidité ont tué certains repères, mais l'on découvre que certaines de ces valeurs avaient une face très noire. A ce titre, je considère que c'est le roman de la série des Jack Taylor qui m'a le plus touché. Il dénonce l'américanisation de la société irlandaise. Comme toujours il parle d'écrivains, ici particulièrement de David Goodis pour les auteurs américains, et il revient également sur ce poète gaélique natif de Galway, Phádraic Ó Conaire, pour lequel il a cette phrase « Il écrivait en gaélique ce qui lui garantissait de ne pas être lu » ! Je pense également que l'intrigue policière est plus fouillée que dans certains autres titres de la série. A noter que ce roman commence par un poème « An Sagart (Prêtre) qu'il faut lire et même relire.
On peut aussi remarquer une petite erreur page 40 :
- Vos amis, Jack et Cathy ...elle est repartie à Londres et lui...il boit.
Les parents de la fillette décédée...mes amis. Jeff était... (Inversion des prénoms, l'ami se prénommant Jeff).
Extraits :
- Belle l'ironie pour une nation qui avait fourni ce terme au monde entier : nous avions maintenant un crack* autrement plus sinistre.
- In aimn an Athair... Le Notre-Père en irlandais.
- Nous avons certes l’éventail complet des saisons, en Irlande, c'est juste qu'elles arrivent toutes le même jour.- Le taux de suicide chez les anciens gardai est terrifiant parce qu'on n’échappe jamais à ce métier.
- Elle voyait encore son petit visage, entendait les mots atroces, j'ai le derrière qui saigne.
- La seule chose en laquelle les gens ait confiance, c'est l'argent. La nouvelle spiritualité s'appelle cupidité.
- La seule religion qui reste c'est : Détourne le bien commun à ton seul avantage.
- Le problème, si je vous pose une question, est de savoir si je pouvais supporter de vivre en connaissant la réponse.
- Vous êtes un peu dingues, vous.
Pas dans le sens de cinglés, plutôt dans celui de surprenant, comme l'utilisait Behan.
-Elle était ravie que j'ai parlé en gaélique, sa langue maternelle.
Éditions : Gallimard. (2008)
Titre original : Priest (2006)
*Craic: mot gaélique signifiant faire la fête, passer un bon moment. Terme qui n'a absolument aucun rapport avec la drogue ainsi nommée.

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Commentaires
E
Bonjour Jeanjean.<br /> Il est exact que parfois l'écriture de Bruen est un peu dilettante, mais cela semble être un style qui lui convient. Dire que c'est « LE » grand Bruen, je ne crois pas, c'est un très bon, dire que c'est son chef d'œuvre, non. Il me semble que l'intrigue de son roman »Le dramaturge » était plus étoffée.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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J
serait-ce (enfin)le "grand" Bruen que j'attendais ?! J'aime beaucoup cet auteur, mais j'ai parfois l'impression qu'il ne se donne pas assez de mal, se contentant d'un talent naturel, si on peut dire...
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E
Bonjour Antoine.<br /> Désolé pour le retard de ma réponse. Pour Ken Bruen, je vais commencer la lecture de son nouveau Jack Taylor « Chemins de croix ». J'apprécie plus cette série que « R&B », mais c'est une opinion qui ne concerne que moi!<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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A
Une amie m'a envoyé le lien vers ton site me disant que tu étais toi aussi "bruenomaniaque" !<br /> <br /> Je suis heureux (mais pas très surpris) de voir que Ken Bruen est apprécié à sa juste valeur :).<br /> <br /> Vive Jack Taylor ;)
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