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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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4 août 2009

COQUIL Yvon / Docks

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Docks.
Yvon COQUIL.
Note : 4 /5.
Viande froide ou avariée!
Second roman d'Yvon Coquil, le premier « Black Poher » avait obtenu le prix du Goéland masqué du salon du roman policier de Penmarc'h en 2008. Nous quittons la campagne du Poher pour Brest, où la vie n'est pas plus rose, mais un peu comme la couleur du temps, plutôt grise pour ne pas dire noire!
Novy Dardoup est enquêteur pour la Société d'Assurance Mutuelle. Il se rend sur les lieux d'un incendie, mais le corps d'un notable étant découvert sous les décombres, la police le prie manu militarie d'aller promener ses guêtres dans un autre quartier de la ville, et le plus loin possible de préférence. La police est sur les dents, l'inspecteur Jules Le Gall en tête, le corps découvert est identifié : c'est celui de Goulven Penhors, courtier maritime au dessus de tout soupçon, enfin en apparence, ami intime de Le Gall, qui, en plus, est son gendre. Que faisait-il en pleine nuit dans les docks? Une photo met Novy sur la trace d'un tagueur qui aurait été sur les lieux. Or celui-ci est découvert noyé. Décidément l'affaire a plus la couleur des eaux du port que celle de l'eau claire d'une fontaine.
Le Gall se fait menaçant, puis de la parole aux actes, il n'y a qu'un pas. Il semblerait qu'une mystérieuse mallette ait disparu.
Novy Dardoup est le contre héros en vogue (la galère pour lui) ; son épouse est partie avec son professeur de sophrologie (?) ; en plus elle a emmené son fils! Son boulot, il le doit surtout à son amitié avec le fils du patron. Pierre, son grand copain, est mort au champ d'honneur pendant un braquage à Barcelone au nom d'idéaux révolutionnaires! Il traîne son ennui et sa misère de cuites en cuites, mais cette mort mystérieuse et la manière douce ou brutale dont la police et son patron veulent l'évincer de l'affaire, lui redonne une certaine fierté de vivre.
Jules Le Gall est un homme dangereux sous tout rapport, son statut d'inspecteur de police lui assurant une certaine protection. Yann Gonac'h, docker et adjoint occasionnel de Novy, connaît les quais comme sa poche! Son juron favori : « Gast ha Gast! *».
Après le monde rural, Yvon Coquil nous dépeint la vie des docks de Brest qui est le principal décor de ce roman. L'atmosphère du port du Ponant est, me semble t-il, très bien décrite. Ces villes portuaires qui ont leurs propres codes et leurs manières de fonctionner, leurs lois, mais aussi une grande solidarité. Ce patron de bistrot pas très regardant sur certaines choses, mais qui de lui- même efface l'ardoise de ses clients chômeurs! Les petites magouilles de tous les jours, les marchandises qui tombent des camions, mais qui ne sont pas perdues pour tout le monde. Dans les hautes sphères, c'est de la viande avariée qui, elle non plus, n'est pas perdue pour l'importation! Pauvre ménagère soviétique! Mais l'argent appelant l'argent, le poulet faisandé ne suffit plus, le poulet se fait faisant et pense être le coq du village, mais plus dure sera la chute.
Le monde comme il va, que vous soyez pauvres ou puissants, par contre le niveau de férocité est proportionnel au bénéfice espéré! De trafics en tous genres en tentatives d'escroqueries à l'assurance, la moralité et l'honnêteté en prennent un coup! Dans un genre très différent de « Black Poher », un très bon roman avec un cadre et une ambiance moins originaux que ce dernier. L'auteur nous évite également une romance que l'on sentait venir, mais qui en restera là.
Une petite remarque personnelle, je trouve que Neil Young est souvent cité par les auteurs bretons comme fond sonore mélancolique, ce qui n'est pas pour me déplaire, comme vous vous en doutez.
Extraits :
- Implicitement, c'était un encouragement à fouiner.
- On se remontait le moral, on respectait les douleurs muettes. Un peu de baume sur les blessures entre deux calembours, histoire d'affubler la triste réalité d'un nez rouge le temps d'un repas.
- À Brest, la pluie n'a jamais empêché personne de sortir. Encore heureux, vu le nombre de jours où elle tombe. Et comme la peau est étanche.....
- Il se remit à pleuvoir. À Brest, c'est d'ailleurs à ça que l'on s'aperçoit que la pluie a cessé un moment.
- Son studio était tout d'une pièce. Une pièce et ses quatre coins : coin repas, coin salon, coin couché, coin toilette....
- À Brest, on mourait plus facilement de l'amiante qu'un ministre du ridicule.
- Les rues portaient des noms de peintres : Sisley, Cézane, Fragonard, Corot. Il fallait beaucoup d'imagination pour associer les magiciens du pinceau aux tours et aux barres de béton.
- La bruine agit comme un onguent sur les plaies, fussent-elles celles de l'âme.
- De toute façon, avec les containers, y a plus rien qui tombe des charges.
- La déduction n'était pas son fort. Il préférait l'action. Un dur à cuire, voilà ce qu'il aurait aimé être.
- L'envie pourtant était forte. Il plaça un disque de Neil Young sur la platine, histoire de retrouver une contenance.
-Si votre sens moral ne vous fait pas trop souffrir, vous allez toucher des indemnités pour une crèche que vous n'utilisiez plus depuis longtemps et à laquelle vous avez mis le feu. Vous n'auriez pas dû laisser traîner le fils électrique flambant neuf qui a servi au court-circuit.....
Éditions : Les Éditions du Barbu. (2009)
Autre chronique de l'auteur :
Black Poher.
*Vous ne trouverez pas forcément la traduction dans les bons manuels de langue bretonne!

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