BLONDIN Antoine / Sur le Tour de France.
Antoine BLONDIN.
Sur le Tour de France.
Note : 4 /5.
Les tours de Monsieur Jadis.
Ce livre est bref, donc je ne ferai pas une chronique complète, mais un prologue de chronique, vous savez ce genre d'exercice qui se déroule le premier jour, juste pour tâter le terrain. Philosophie de cet échauffement, à fond au départ, au maximum au milieu et en trombe à l'arrivée!
Blondin et le Tour, une histoire d'amour et des histoires de tous les jours, une plume au service des « Forçats de la route ». Des anecdotes à n'en plus finir, des bons mots, de l'admiration pour les coureurs et une humanité de tous les instants. Saint Antoine, j'espère que de l'endroit où tu es, l'eau est fraîche (pour l'absinthe par exemple).
Des joies, les victoires, des drames aussi, les chutes qui coûteront à Roger Rivière la victoire finale et la vie quelque temps après. Tom Simpson, un des rares bons coureurs britanniques, perdant la vie sur les pentes du Mont Ventoux. Des épisodes tragi-comiques, l'histoire du Tour en regorge, une des plus célèbres, Zaff découvrant les vignes du Seigneur dans la plaine du Roussillon. Les vérités d'un jour qui ne le sont plus le lendemain, détaché une étape, puis attardé la suivante.
Des bon mots sur Henri Anglade par exemple, avec cette phrase:
- Ce que nous entendions alors, c'est l'Angueulade telle qu'on la parle.
Les coureurs, Antoine les connaissait bien, il en connaissait même un rayon, il en avait fait le tour (de roue ou de France). Un mot sur les sans-grades, René Grenier, qui à la fin de l'étape va en vélo à l'hôpital pour se faire opérer ! Brambilla, qui creuse un trou dans son jardin, pour enterrer son vélo debout, car il ne s'estimait pas digne de remonter dessus! Le Suisse Hollestein avec qui Blondin partagea la voiture-balai! Les grands ne sont pas oubliés, Anquetil, Merckx, Bobet et beaucoup d'autres.
En fin d'ouvrage, Antoine Blondin nous parle d'un petit nouveau, un certain Bernard Hinault.....
Une étape de repos entre deux pavés (non ça, c'est Paris-Roubaix), un livre rafraîchissant (surtout pour la mémoire), à lire loin du tumulte des Tours modernes!
Dans ce cas précis, le progrès est-il une bonne chose? Oreillettes, pas oreillettes, vélos futuristes, casques profilés surmontant des lunettes intégrales, des silhouettes qui passent plus vite qu'un TGV ! « Baisse la tête tu auras l'air d'un coureur » criaient d'un air goguenard les adultes aux gamins en vélo! Quelle tête ont-il maintenant les coureurs? Voilà, je finis ma chronique en roue libre, mais malgré tout un petit reproche, il manque quelques étapes (pages) à ce livre. Je ronge donc mon frein!
On peut, ultime raffinement, lire en plus de cet ouvrage, « Le Meilleur du Tour de France » de René Pellos par Jean Michel Linfort aux éditions « Vents d'Ouest » datant de 2005. Pellos, en plus des albums des « Pieds Nickelés » était le « Caricaturiste » du Tour de France.
Quelques titres de chapitres : Le champ du départ ; Des pères pas tranquilles ; Figure de balai ; Le tour des miracles ; La face cachée de la lutte.
Extraits :
- Le Tour de France est une épreuve de surface qui plonge ses racines dans les grandes profondeurs.
- Vous apprenez à mettre des noms sur des visages, et ce sont des suiveurs... des visages sur des numéros de dossards, et ce sont des coureurs...
- Car le Tour de France est avant tout une course cycliste. On l'ignore trop.
- Aujourd'hui, si le Tour de France continue de faire la part belle à l'épopée, il s'est considérablement domestiqué.
- S'il faut de tout pour faire un monde, il faut du monde pour faire un Tour.
-Hollestein, il m'en souvient, possédait la silhouette frêle et la mine ahurie de Laurel.
- Ils font le Tour... du cadran.
-...étant entendu qu'il n'y avait pas de plus belle mort aux yeux des survivants, même celle du coureur de marathon. (Extrait des lignes consacrées à la mort de Tom Simpson)
- Ils ne sont pas dopés, ils sont dupés.
-...ces Verlaine de la machine à écrire, affalés sur les banquettes, qui rendaient à la menthe à l'eau la couleur féérique de l'absinthe.
-Dans Porte, il risquait de passer par la fenêtre.
- Les coureurs de l'heure présente n'ont plus d'arrière-pays. Vous chercheriez en vain dans leur moustache un relent de gros rouge.
Éditions : La Table Ronde (1996)
Il existe un autre recueil qui comporte toutes les chroniques d'Antoine Blondin pour le journal l'Équipe d'Antoine Blondin sur le Tour de France, chez le même éditeur dont le titre est « Tours de France ».Ces textes couvrent les Tours de France de 1954 à 1982.