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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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11 mai 2009

BONNOT Xavier-Marie / Les âmes sans nom.

Les âmes sans nom.
Xavier-Marie BONNOT.
Note : 4 /5.
IRA,INLA,SAS,FLB,ETA,FNLC,GAL,DST etc, etc.
Auteur et réalisateur marseillais, il est l'auteur de trois autres romans policiers. Je le découvre avec cet ouvrage. Une oeuvre ambitieuse, mais réussie.
Un livre où l'on voyage dans le temps et dans l'espace passant de Belfast en 1981 à Marseille de nos jours. Des attentats de Knightsbridge, de Regent's Park et de Brighton, de la mort de Bobby Sands à la paix toute relative d'aujourd'hui , un roman très agréable et très instructif.
Marseille, 1984, Barbara Flanagan ne le sait pas encore, mais elle va mourir dans des circonstances très désagréables.
Toujours dans la cité phocéenne, quelques vingt ans plus tard, Pierre Martel est tué, sa mort fut particulièrement atroce, les yeux crevés, sa bouche est remplie de gui, ce qui a provoqué un étouffement très lent. Son corps est retrouvé pendu dans une mise en scène qui met la police sur la piste d'un mouvement breton pro-fasciste, dont certains membres ont fui en Irlande à la fin des hostilités. Faut-il en déduire que les deux meurtres sont liés? La police découvre chez Martel des documents sur une certaine connivence entre des membres de l'IRA et certains rescapés des mouvements bretons de l'époque. Une photo leur donne des indications et certains noms : Barbara Flanagan, Brendan Murphy, Kevin Doherty, Sean Flanagan et sa soeur Louisa.
Belfast Ouest, mai 1981. Bobby Sands vient de mourir, d'autres vont suivre. Sean Flanagan est chargé de frapper les symboles britanniques en France. Pour ce faire, il a des contacts avec deux bretons, anciens militaires, qui sont prêts à l'aider.
Michel de Palma, dit le Baron, flic hors normes, pas très bien vu de sa hiérarchie, doit tenter de mener son enquête, car un autre crime va donner à la police une piste, celle de Jean-François Quéré, mais il laissera un dernier cadavre derrière lui, un enfant qui l'avait vu. Il ne reste plus que la piste irlandaise.....
Ce livre et ces enquêtes ressemblent à un puzzle à multiples ramifications. On entre dans des mondes parallèles, celui des combattants clandestins et celui des services secrets. Les personnages tous plus ou moins ambigus et des situations qui ne sont pas moins claires. Tout le monde nage en eaux troubles, les méthodes des « contre-terroristes » sont-elles (surtout en Irlande) plus glorieuses et plus légales que celles des « terroristes »? La police nord-irlandaise donnant des adresses de républicains aux paramilitaires protestants est-elle plus justifiable que certains attentats de l'IRA? Vaste débat qui serait trop long à développer ici. Oppositions également dans les rangs de l'IRA, Sean est un homme du Sud, plutôt rêveur, genre idéaliste, passionné de vieilles croyances celtiques. Brendan et Kevin sont des guerriers, ils ont fait des stages en Lybie, envoient de jeunes recrues dans la Légion étrangère, n'hésitant pas à sacrifier un volontaire pour en sauver un autre plus important. Barbara a-t'elle eu ce rôle de fusible? Jean François Quéré est un tueur psychopathe bercé de légendes celtiques ; il hait pratiquement tout le monde, il a vu sa mère et son amant à l'oeuvre, il a assisté à leur assassinat par son père. Qui pour des motifs de collaboration fût, ainsi que d'autres, condamné à « L'indignité nationale ». Il a choisi le métier des armes après quelques années dans la Légion étrangère, devient mercenaire, mais sa vengeance personnelle doit s'accomplir....Un mot sur un des personnages les plus sympathiques de ce livre, Gerry Beck, policier britannique, qui est lui aussi la victime de ce conflit, ses paroles désabusées résument bien la situation passée et actuelle. La « real politique » prime sur tous les idéaux!
Une plongée dans les mouvances dites terroristes et également dans la délinquance marseillaise. Les deux sont-elle liées? Mais c'est surtout dans l'histoire de l'Irlande que l'auteur nous emmène de 1981 à nos jours, avec ce que cela comporte de drames et de haines, et surtout d'espoirs déçus. Les pages sur la vie à Belfast sont particulièrement réussies.
Une fausse note pour finir, cette phrase qui parle des funérailles de Bobby Sands :
- Un joueur d'uilleann pipes, la cornemuse irlandaise, en kilt, ouvre la marche, le pas lent, presque désarticulé, au rythme des notes aigres qui montent vers le ciel de glaise » Une belle phrase, me direz-vous, mais pourquoi avoir rajouter le mot « uilleann pipes » qui est effectivement une cornemuse irlandaise, mais qui se joue uniquement assis! C'est un peu dommage, surtout que c'était une erreur facilement évitable!
Un très bon roman, mais pas d'une lecture facile, la complexité de la situation politique en Irlande, qui sert de base à cette histoire, réclamant une attention soutenue. Les nombreux retours en arrière n'aident pas non plus les choses.
Extraits :
- Tout est là, dans le grand mystère de cet amour qui lui donne encore du courage.
Un courage que les hommes ignorent.
-La nuit de Samain* approchait. L'instant sacré entre tous.
- De quoi donner la béquée aux officiers voraces du M16 ou du M15, les services secrets britanniques en charge du grand nettoyage.
- J'ai rencontré des Bretons à Paris. Des fondus. Plus celtes que les Celtes.
- Belfast sent l'essence et la poudre, la ville se soulève, en son ventre.
- C'est l'un des plus vieux partis du pays, mais aussi le plus controversé car il apporte un soutien sans faille aux combattants de l'ombre.
- L'objectif ce sont les horse-guards, symbole de l'orgueil britannique, pas des touristes innocents.
- Au diable les curés ! Brendan n'y croit plus.
- Ils sont partis parce qu'ils avaient faim. Ils avaient faim parce que les Britanniques occupaient l'Irlande.
- Il nous rendait notre fierté d'être irlandais. Moi, j'ai appris le gaélique en prison.
- C'est une vieille chanson républicaine*. Un tube comme on dit chez vous. Le poème d'un prisonnier, Brendan Behan, enfermé dans la prison de Mountjoy. Mon grand-père l'avait bien connu.
- Trahison. Renseignements. Intelligence ! La vraie guerre c'était cette chose-là...
Éditions : Belfond (2008)
* 1er novembre, passage de la saison claire à la saison sombre. Période hors du temps dans la mythologie celtique.
**The Auld Triangle.

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Commentaires
E
Rebonsoir.<br /> Donner des précisions à des personnes que le sujet intéresse est toujours un plaisir! <br /> Je n'en fais pas un peu trop?<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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L
Merci Yvon pour ces précisions ^^
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E
Bonsoir La Liseuse.<br /> En plus d'une intrigue de qualité, ce livre nous fait découvrir des êtres à multiples facettes, souvent broyés par des politiciens, pour qui les idéaux sont devenus des notions abstraites. <br /> Un livre à découvrir.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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L
Je l'avais repéré à sa sortie et ton billet m'a convaincue. J'ai bien envie de le lire. Les personnages ont l'air fascinants.
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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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