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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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5 mai 2009

GRIMES Tom / Mémoires sous médocs.

Mémoires sous médocs.
Tom GRIMES
Note : 5 / 5.
Les mécontes de Grimes.
Un écrivain que je découvre avec ce livre qui sous des aspects comiques est en réalité une oeuvre contre notre monde de surconsommation, médicamenteuse en particulier. Cet auteur a eu un autre titre traduit « La cité de Dieu » en 1999.
Il n'est pas très ordinaire le monde de Will! Le fric a fait un fric-frac sur le monde et ce n'est pas réjouissant! Will, un jour, a été amené par sa mère au cabinet du psychopharmatologue car « il avait l'impression de ne plus croire en rien »!
Il est étudiant dans une faculté près de deux aéroports ; le seul endroit où l'on n'entend pas les avions est la bibliothèque située en sous-sol! La cafétéria, par exemple, est placée dans l'axe de la piste, boire un coup rend sourd! Un univers plein de contradictions, une chaîne de bar répond au doux nom de « Dieu Merci Enfin Vendredi », mais d'autres prônent l'exécution sommaire des chauffeurs dont l'alcootest est positif. La liberté est tellement surveillée qu'elle amène des situations pour le moins délirantes, le parking de l'université est réservé en priorité aux minorités ethniques ou autres, puis aux sous-minorités, etc... Le pauvre gars normal lui en est exclu! Une chatte porte plainte contre des pompiers qui l'ont délogée de son arbre, des élèves meurent de surcharges d'infos.
Mais Will a le droit de se lancer dans sa quête personnelle, celle de son Graal à lui. Trouver le responsable de ce fléau! Reconnaissons que ce sera plus proche de « Holy Grail» des Monty Pythons que d'« Excalibur » de John Boorman!
Dans cette galerie de personnages, commençons par Will, étudiant solitaire, il aimerait que la vie soit moins moche, il désirerait par exemple échanger autre chose que des ordonnances ou des médicaments avec Naomie. Il serait heureux s'il était moins déprimé, il aimerait un coin de ciel bleu parfois. Et son seul ami, sa seule distraction, c'est Spunky, son ordinateur portable. Ce monde est bien triste! Spunky, lui, que ce soit Will ou un autre, peut-être qu'il ne fait pas la différence? Ce monde est technique!
Sa mère, qui l'élève seul (son père étant en prison), se saigne les quatre veines pour ses études, et pourtant sa situation n'est guère brillante, elle est en effet en intérim, 39 heures par semaine, sans retraite, ni sécurité sociale. Et tous les emplois sont aux mêmes conditions. Ce monde est cruel! Naomie, la fille de l'affiche (pas mal), qui parle d'études« madonniennes » car Naomie a figuré sur un numéro spécial d'un magazine pour hommes intitulé « Les filles des facauroutes » (à première vue elle est plus belle qu'une phacochère). Eh oui ce monde en est là! Quant au corps enseignant, ce n'est pas triste non plus! Un conseiller d'orientation, ancien champion de golf, est l'auteur d'un best-seller de ....vingt-cinq pages écrit en gros caractères! Une prof de volley-ball, qui n'est ni le haut du panier (je l'aurais dit si elle avait été prof de basket), ni le haut de gamme (ça c'est pour les profs de musique), mais le haut du filet. Mais c'est également une spécialiste de la philosophie sexuelle, il vaut mieux ne pas tomber entre les mailles de son filet(!). Ce monde est sportif! Le docteur Bones est-t'il si maléfique que Will le pense? Et son assistante, Crystal Boncoup, quelle perle rare...! Ce monde est celui de l'érotisme virtuel. Mais aussi surprenant que cela puisse paraitre, ce monde est aussi celui de l'amour!
Une charge au vitriol sur ce qui semble nous attendre, cela fait rire, mais jaune. J'ai beaucoup aimé cette version de notre futur, un monde où les facilités de communications sont à leur apogée, mais où les gens ne savent plus se parler sans l'intermédiaire d'une machine.
Un titre de paragraphe représente bien à mon goût l'humour caustique de l'auteur : un sport mâle sain, des pores malsaines.
Un OLNI* de haute volley (volée, pardon!), mais partisan d'une littérature très classique, ce livre n'est pas pour vous!
Sur ma dernière ordonnance, il m'est prescrit du château Médoc par voie orale (ou buccale) à chaque repas! Je laisse tomber les médocs, sauf millésimés et en flacons de 75 centilitres.
Extraits :
- Cet aveu d'une vulnérabilité poignante m'a plus ému que n'importe quel dessin animé de Disney adapté d'un classique.
- Peut-être que bientôt, pour la Saint-Valentin, on rédigerait ses mots doux sur des ordonnanciers.
- Comme si je n'avais rien d'autre à foutre que de sauter le lapin Duracell déguisé en hôtesse Playboy !
- 1-800-Bon-Coup. Vos fantasmes sexuels ont été transférés vers un répondeur automatique. Pour les préliminaires, tapez.......
- Oh, mais je ne suis pas encore professeur. Je suis en A.P.D.- en Année de Probation Déterminante.
- Ma culotte glisse le long de mes jambes à la vitesse d'un taux d'intérêt en chute libre.
- Vous voulez dire que chacun de mes troubles sont facturés séparément ?
- Les États-Unis de Microsoft, gouvernés par l'Intel-ligensia?
- C'est trop mignon. Au lycée, mon ex déchargeait avant même que je lui mette la main dessus. J'avais l'impression de sortir avec une yaourtière.
- Mourir, c'est seulement quelque chose qui se produit ; il suffit d'attendre pour mourir. Pour vivre, il faut avoir la foi.
- Bon Dieu !Pas étonnant que les écrivains inventent autant de conneries.
Éditions : Fayard Noir (2009).
Titre original :WILL@epicqwest.com (A Medical Memoir) (2003)
*Objet Littéraire Non Identifié.
Claude Le Nocher en parle, ici.

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Commentaires
E
Bonsoir Sylvie.<br /> J'ai personnellement trouvé ce livre très réussi, traiter avec autant d'humour un sujet relativement grave, cela mérite un coup de chapeau! Consolons-nous au Médoc !<br /> Bises.<br /> Yvon
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C
Je n'arrive pas à entrer dedans, pour ma part, snif !
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E
Bonjour JML.<br /> Je n'ai pas lu le premier livre de cet auteur, mais pour celui-ci l'adjectif original est tout à fait celui qui convient.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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J
J'avais bien aimé le premier, très original, je vais donc me mettre celui-là sous le coude.
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