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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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2 mai 2009

JACQ Angèle / Le voyage de Jabel.

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Le voyage de Jabel.
Angèle JACQ.
Note : 5 / 5 .
Embarquement immédiat!
« Ce livre est un roman dédié à l'amour d'une mère », ces quelques mots font partie d'une courte préface qui donne le ton de ce roman.
J'ai rencontré l'auteur au salon du livre de Guidel. J'ai eu bien évidement connaissance de ce livre, je me suis donc décidé à le lire. Un mot sur Angèle Jacq, qui est une dame charmante avec qui j'ai pris beaucoup de plaisir à parler, littérature entre autre. A ce sujet, elle m'a fortement conseillé un livre, mais sur le coup, ni elle, ni moi, nous nous rappelions le titre. Énigme qui fut résolue dans la soirée!
Jabel, maintenant qu'elle est enfin veuve, décide d'aller voir son fils. Chose qui parait entièrement justifiée et toute simple, me direz-vous! Son fils, Ifig, est en Nouvelle-Zélande, Jabel ne sait ni lire, ni écrire et ne parle que le breton. Son plus long voyage pour l'instant a été Kemper (Quimper)! Et Ifig va être père, c'est l'occasion ou jamais! Jabel nous raconte sa vie, mariée à 17 ans contre son gré, fille d'une famille très nombreuse, elle n'a jamais été à l'école, et la seule langue qu'elle connaisse est le breton! Il s'avère vite que son mariage est une erreur, Fanch ayant un solide penchant pour la dive bouteille. Journalière dans une ferme, son seul rayon de soleil est Ifig, son fils! Hélas celui-ci doit partir faire son service militaire, ce sera l'Algérie et pour trois ans! Le jour de son retour, Alice, sa fiancée, se marie avec un autre, malgré qu'elle soit encore amoureuse d'Ifig! La vie de celui-ci devient dure, il achète une voiture qui s'avère être une très mauvaise affaire, un accident le laisse pour un temps à l'hôpital. Alice passe le voir, son mariage tourne au cauchemar! Mais que peuvent-ils y faire? Ifig perd son travail et est embauché dans une usine d'abattage de volailles! Les conditions sont déplorables, les rejets polluent la rivière, mais c'est cela ou le licenciement. Ifig, de plus en plus marginalisé, décide de quitter la France.
Des années plus tard, Jabel se décide : elle va aller le voir, elle veut connaître son épouse, et assister au baptême du futur bébé. Elle vend ses bêtes, une partie de sa ferme et commence les préparatifs de ce grand voyage. Alors commence l'aventure. Un dernier détail, Jabel, pour ce périple ne s'est pas « embarquée sans biscuits »! Je ne vous narrerai pas ce voyage où le bon sens de Jabel va être mis à rude épreuve, dans des situations souvent cocasses. Cette épopée confirme une chose, il y a des bretons dans le monde entier!
De Jabel, un des personnages, chauffeur de taxis rencontré au cours de son voyage, dira ceci :
- « J'aurais bien aimé avoir une mère comme vous ». En toute sincérité, je pense comme lui! Quel personnage! Dans sa dédicace, l'auteur parle « Du fabuleux voyage d'une bretonne droite dans ses sabots ». Droite et sûre de son bon droit, même si parfois, ce n'est pas réellement le cas, comme cette scène à l'aéroport de Singapour, où elle nous démontre que son vocabulaire breton comprend également quelques injures bien senties et très étranges!
Ifig, entre un père alcoolique, la guerre d'Algérie et ses séquelles, et le mariage d'Alice, cela fait beaucoup pour un seul homme. La guerre d'Algérie est très présente dans la littérature bretonne. Pour beaucoup d'appelés, la question a souvent été : qu'est-ce que je fais là? Et beaucoup ont comparé la situation de la Bretagne à celle de l'Algérie. Son dégoût devant une rivière polluée était très en avance sur son temps. Marié à une Maorie, Ellen, par fidélité au « Pays » et à son ami d'enfance, il prénommera son fils Ronan.
Alice, la promise, qui lasse d'une vie d'esclave, et fatiguée d'attendre a épousé le fils d'un fermier et est devenue femme au foyer, pour non pas le meilleur, mais pour le pire.
Marie-Louise, la voisine, Maryvonne Danielou, la bonne hôtesse, « Aotrou Medisin », un peu distrait, le responsable de l'agence de voyages seront des aides précieuses pour que se réalise ce rêve.
Et que dire des rencontres « Néo-Zélandaises », Marianig et Loeiz, eux aussi exilés pour des motifs divers!
La première surprise est que les dialogues, et les monologues de Jabel sont en breton, sous-titrés français! Cela mérite d'être souligné. Une écriture très simple, ce qui n'a rien de péjoratif et une très belle histoire.
La Bretagne encore une fois à la croisée des chemins, une agriculture qui change vers une surproduction qui n'amènera rien de bon pour le monde paysan, sauf quelques exceptions. Des jeunes qui ont du mal à se positionner entre le monde ancien de leurs parents et un avenir d'ouvrier dans l'agro-alimentaire. Ces jeunes qui, pour certains, découvrent le syndicalisme et la politique. Une période de grands changements. L'auteur nous parle également de la condition de la femme à cette époque, à travers les vies de Jabel, d'Alice qui, en se mariant, espérait une vie un peu meilleure, ou de Jeanne, l'ouvrière calomniée.
Mais une figure lumineuse, celle de Jabel, son bon sens, sa foi en elle même, son courage et sa ténacité. Un brin têtue Jabel, il paraît qu'elle n'est pas la seule dans les environs!
Le plus beau compliment que je puisse faire à ce livre, c'est que j'ai eu l'impression de retrouver ma grand-mère! Mon coup de coeur de l'année!
Extraits :
- Et disparurent enfin les missions et avec elles une institution qui longtemps mata la société bretonne pourtant réfractaire à tout pouvoir.
- Cependant l' exil parfois les pousse si loin, le rêve espéré se réalise si peu que le retour... c'est jamais.
- Elle l' attirait dans une sorte de Tir Na Nog , cette terre des ancêtres qui transcende le temps, les générations et l'espace...
- Alors, se rappelait Jabel, s'accrocha la malchance. Les choses culbutèrent les unes par-dessus la tête des autres.
- ...Elle parla des coeurs et des corps qui ne s'accordaient pas....
- Elle devait les utiliser comme autant de petits cailloux à la manière de Meudig, le petit poucet breton.
- Jabel, bien vite, poueza butun, pesa du tabac- autrement dit, dodelina de la tête- et sombra dans un profond sommeil.
- ...et du fond des âges monta la mélodie d'une berceuse enfouie dans son coeur en lambeaux. Elle chanta d'une douceur oubliée.....
- Mais il est des cicatrices qu'il vaut mieux rouvrir pour que coule le fiel amer et s'apaise les regrets.
Éditions: Éditions du Palémon & Coop-Breizh (2004)

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Commentaires
E
Bonsoir Pascal.<br /> J'ai ce livre dans son ancienne version depuis plusieurs années. Mais après avoir fait la connaissance d'Angèle Jacq, j'ai acheté et lu la nouvelle version. Une grande dame, s'il en est. Quelques titres supplémentaires sur la liste.<br /> A bientôt.<br /> Yvon<br /> Voir ici :http://lebibliomane.blogspot.com/<br />
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L
Tiens, ça c'est amusant ! Figure-toi que je l'ai lu moi aussi le mois dernier sur le conseil avisé d'une cliente.<br /> Un bien beau roman, tendre et drôle avec des personnages très attachants.<br /> Et cette Jabel, quel tempérament, ma Doué !
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E
Bonjour Cuné.<br /> Un autre 5/5 approche, mais dans un style diamétralement opposé! <br /> A bientôt.<br /> Yvon
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C
Tes 5/5 me tentent toujours !
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