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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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2 mars 2009

BEHAN Brendan / Un peuple partisan.

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Un peuple partisan.
Brendan BEHAN ( 1923-1964).
Note : 5 / 5.
Ça IRA!
Brendan Behan est avant tout un personnage, plus qu'un écrivain. Au même titre que Neil Young et Gilles Servat pour la musique, que Xavier Grall et Jack Kerouac pour la littérature, Behan a marqué mes débuts dans l'exploration de la littérature irlandaise. Pas des "stars", mais des hommes ayant quelque chose à dire. Mais malheureusement Behan n'a pas parlé, ni écrit bien longtemps! Quand je suis retourné vivre en Bretagne, les écrivains irlandais étant enfin plus accessibles, j'ai repris mes très anciennes lectures. Ce livre a donc un côté émotionnel, même après la X ème lecture.
Cette histoire débute à Liverpool par l'arrestation de Brendan Behan, pendant la dernière guerre mondiale. Brendan s'apprêtait à commettre des attentats dans le chantier naval de cette ville portuaire. Il attend son passage en commission dans une prison de la ville, la Grande-Bretagne ne reconnaissant pas le statut de prisonnier politique. Il est emprisonné avec des « droits communs », mais très souvent, comme lui, mineurs. Commence alors dans la première partie de cet ouvrage, l'attente du verdict. Il nous parle de ses premiers jours de captivité, de ses relations avec les gardiens et les autres détenus et de la nécessité de se faire respecter. Il doit en plus subir le mépris voire un certain racisme anti-Irlandais dans les réflexions de tous les jours, surtout de la part des gardiens catholiques et irlandais qui, à son égard, sont les pires. Il est passé à tabac après une diatribe contre l'église d'Irlande, responsable de l'excommunication des républicains, et proche de la bourgeoisie et du pouvoir en place en Irlande. Suite à cette altercation avec l'aumônier catholique, il n' a plus le droit à la communion. Il vit les drames de tous les jours, son ami Browny qui a les fesses lacérées à coup de rasoir pour avoir volé des mégots! Le jour de son jugement, deux militants de l'IRA sont pendus à Birmingham. Or Behan sait que les vrais coupables sont en Irlande! Du fait de son jeune âge, il n'est condamné qu'à trois ans de maison de redressement au Pays de Galles.
Il décrit la monotonie du temps qui passe ; il commence par travailler aux champs, puis dans le bâtiment. Il s'initie au rugby, avec de fortes réticences, c'est un sport anglais! Avec quelques autres détenus, ils découvrent une plage, il gagne un prix à une fête du camp d'internement, assiste à une vaine tentative d'évasion, les jours défilent....
En plus du récit de ce séjour en prison, l'auteur nous parle de sa famille, beaucoup sont musiciens, lui même n'hésitait pas à pousser la chansonnette (il existe d'ailleurs plusieurs enregistrements de lui). La culture gaélique et la littérature feront également partie de son héritage culturel.
Les grands noms de la résistance irlandaise, Terence Mac Swiney, le maire de Cork, le docteur Thomas Gallagher devenu fou durant ses treize années dans les prisons anglaises, Michael Collins que sa mère connaissait personnellement, sont également évoqués.
Arrive le jour tant attendu, la fin de peine, assujettie d'une mesure d'expulsion.
Le retour en Irlande, avec ces quelques lignes :
- Je lui tendis mon ordre d'expulsion.
- Il le lut, me regarda et me le rendit. Il avait le visage maigre et triste d'un homme cultivé de la campagne ; on aurait dit un instituteur. Il me prit par la main.
-Cead mile failte sa bahaile romhat. (Soyez mille fois le bienvenu au pays. )
- Je lui souris et lui dis :
-Go raibh maith agat. ( Merci)
- Son visage redevient grave et il me demanda affectueusement :
-Caithfidh go bhuil sé hiontach bheith saor. (Ce doit être merveilleux de se sentir libre.)
- Caidhfidh ge bhuil. (Oui, c'est merveilleux.)
Quelques temps plus tard, Brendan sera de nouveau en prison, en Irlande cette fois...
Les autres détenus et le personnel plénipotentiaire sont les autres personnages de ce récit.
Charlie, le marin, le grand copain, ils feront toute leur captivité ensemble, Charlie sera libéré avant Behan, mais il ne profitera guère de cette liberté retrouvée.
Les matons sont comme dans la vie de tous les jours. Certains font leur travail sans zèle, ni cruauté, mais d'autres abusent réellement de leur statut. Pour les autres prisonniers, la règle est la même, James et Dale, les caïds, usant de leurs pouvoirs, Brendan sera obligé de se battre avec James pour avoir la paix. Peu de ses compagnons lui reprocheront son engagement.
L'écriture est parfois un peu exaltée, comme il convient à un jeune homme de seize ans farouche républicain. Il faut dire que Brendan Behan a été éduqué dans une famille très engagée dans la lutte pour l'indépendance de l'Irlande. Membre des jeunes de l'IRA, un père qui était en prison à sa naissance, un de ses oncles, Peadar Kearney, a écrit les paroles de l'hymne irlandais. Et sa mère était la plus « Irlandaise », mais j'en parle ailleurs. L'écriture de ce livre débuta en 1941, mais ne fut publié qu'en 1958.
Behan a écrit une « suite » si l'on peut dire « Confessions d'un rebelle Irlandais », oeuvre posthume.
Pour l'auteur, ce séjour en prison est comme une partie de son initiation à la vie, car dans chaque famille républicaine, il y a un ou plusieurs membres en prison, sorte de passage obligé!
Extraits:
- « Un fameux gars, ce Brendan, et il n'a que 16 ans »
- Tambours assourdis, cornemuse voilée de crêpes, marche funèbre, lent défilé.
- ....et ici, se conduire bien cela voulait dire de ne pas être Républicain.
- Un peu plus tard j'entendis sonner une horloge au clocher d'une église. Maintenant ils commencent à mourir, me dis-je.
- Je ne suis pas payé par les malheureux contribuables de ce pays pour régler la question irlandaise.
- Paddy, il combat pour sa patrie, dit Charlie.
- Non, c'est un vrai irlandais et un type complètement cinglé par-dessus le marché.
- Quant à moi je montais à la bibliothèque.
Il y avait Shaw * et O'Casey*. « L'autre île de John Bull** », « Junon et le paon**» et    « la charrue et les étoiles** ». C'était comme recevoir des visites du pays.
- C'est ce qu'on appelle en irlandais Uaigneas gan ciuneas : la solitude sans la paix.
Éditions : Du monde entier/ Gallimard.
Titre original: The Borstal Boy (1958).
PS : Sauf erreur ou omission cette chronique est la 200ème concernant l'Irlande.

Autre chronique de cet auteur :
Encore un verre avant de partir.
Au sujet de la famille Behan :
Mère de tous les Behan.
Kathleen & Brian Behan.
*Dramaturges irlandais.
**Pièces de théâtre.

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Commentaires
E
Bonjour Dirlandaise.<br /> Tu n'as pas encore lu Brendan Behan, j'espère que tu vas remédier rapidement à cet état de fait.<br /> Essaye de les lire dans l'ordre, « Un peuple partisan » et ensuite « Confessions d'un rebelle irlandais ».<br /> Bises.<br /> Yvon
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D
Bonjour Yvon,<br /> <br /> Je passe sur ton blog et je vois cette belle critique d'un livre de Brendan Behan ! Il faut pourtant que je me décide à le lire cet écrivain. J'ai toujours aimé ce genre de personnage passionné qui a vécu à cent à l'heure sans penser au lendemain ! Oui, il faut absolument...<br /> <br /> Bises,<br /> Dirlandaise
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E
Bonsoir Denis.<br /> Quelques petites remarques au sujet de ton mail, car la télévision n'est pas toujours très précise dans ses affirmations.<br /> Le massacre, dont tu parles, qui a eu lieu le 20 novembre 1920, était pendant un match de football.... gaélique. Il ne s'agissait aucunement d'un match international, mais d'une rencontre entre Dublin et Tipperary. Michael Hogan, capitaine de cette équipe, fut tué ce jour là.<br /> Le premier match de sport non gaélique disputé à Croke Park, fut Irlande-France<br /> en février 2007.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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D
Tu n'es pa sun fana de rugby mais avant le dernier Irlande-Angleterre de dimanche, la télé a fait un petit sujet sur le Bloody Sunday qui a vu l'assassinat de 17 Irlandais dans le stade de Croke Park où l'équipe d'Irlande jouait pour la dernière fois un match de rugby international. L'occasion d'avoir une petite pensée pour ce vieux Brendan !
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