Rencontre avec Marie Le Drian.
Marie Le Drian était ce mercredi soir 10 décembre l'invitée de la médiathèque de Lorient. Chose bizarre alors qu'elle ne réside pas très loin, c'est la première fois qu'elle nous rendait visite! A titre personnel, j'étais très content de la revoir. Il y avait beaucoup de monde (en tout cas, plus de huit personnes!) Une grande partie du club de lecture était présente, mon épouse et ma fille nous ont rejoints après le travail.
Une lecture d'un long extrait de « On a marché sur la tête » a commencé cette soirée. Il est amusant de voir un auteur rire de ses propres écrits. Elle pensait avoir été trop loin dans un humour macabre, dirions-nous, mais elle pense que l'illustrateur Raphaël Larre a été encore plus loin qu'elle. Ce livre fut ma première expérience de l'écriture de Marie.
« Keraliguen » fut son premier ouvrage édité à compte d'auteur. Il est un des rares livres de l'auteur que je n'ai pas lu (il faut bien que j'ai encore quelques découvertes pour les mois à venir). Fille d'une famille modeste de Lanester, elle a été scolarisée à Lorient, elle parle des différences de langage entre les deux communes. Elle se découvre déjà sa passion de la lecture puis de l'écriture. Son premier roman, « Le petit bout du L » (même chose que pour Keraliguen », il est en attente de lecture, n'ayant pas du tout tenu compte de la chronologie dans mes lectures), sa première « vraie » édition, dit-elle, dans une maison parisienne date de 1992.
Marie dit que pour elle son roman le plus dur à lire est « La cabane d'H... » : pas mal de lecteurs pensent que non. Pour moi c'est « Le dimanche on va au restaurant ».
Après avoir parlé du monde de l'édition et de « son univers impitoyable », les éditeurs ne sont pas des mécènes! Suite à un début de carrière très prometteur, avec des critiques dans tous les journaux qui comptent, ces derniers ouvrages ne semblent plus bénéficier d'un même soutien publicitaire. Est-ce dû à un retour en Bretagne, loin du « parisianisme » qu'il est de bon ton de fréquenter, loin des salons où se font et se défont certaines notoriétés?
Sur ses méthodes d'écriture, le moins que l'on puisse dire est qu'elles sont surprenantes! Elle ne dresse pas de plan de travail, ni de fiches! Elle écrit la première phrase et le reste suit.....
Elle se définit comme une « éponge » absorbant tout ce qu'elle entend et tout ce qu'elle voit pour créer des personnages qui sont souvent des marginaux un peu perdus, mais pleins de bonne volonté, souvent des femmes!
Elle écrit un premier jet à la main, puis le tape sur un ordinateur. Ensuite elle le lit et l'enregistre. Puis elle écoute l'enregistrement, amène certaines corrections et si nécessaire le réenregistre et le réécoute! Ce qui donne une certaine musicalité à ses romans. Elle attache également beaucoup d'importance au choix des prénoms qui doivent aller ensemble, comme Odile et Solange dans « Attention éclaircie ».
A la question sur la différence d'écriture entre une nouvelle et un roman, elle dit qu'écrire une nouvelle, c'est juste effleurer la surface de l'eau ; pour la conception d'un roman, il faut aller chercher dans la profondeur de l'océan.
Marie le Drian avoue un certain manque de discipline au travail, elle pensait que la Bretagne était plus propice à l'écriture ; à première vue, il s'avère que non! Elle reconnaît qu'elle était plus disciplinée lorsqu'elle travaillait et écrivait le dimanche. Elle n'allait pas simplement au restaurant!
Pour les titres de ses romans, certains sont d'elle, d'autres des éditeurs, certains lui plaisent, d'autres pas!
Elle rentrait d'un séjour d'un mois comme écrivain en résidence dans l'état de New-York. Elle nous a expliqué que pendant un mois dans ce cas précis, elle n'a aucun souci bassement matériel, mais juste une certaine obligation d'écriture et de remerciement quand le livre paraît. Par exemple « La cabane d'Hippolyte » qui fut écrit pendant un an de résidence à Berne est dédié « A mes amis suisses ».C'est grâce à un de ces séjours que son dernier livre « Attention éclaircie » est en cours de traduction en italien.
A signaler également que 4 nouvelles de son recueil « Poche avant droite » ont été traduites en espagnol pour l'édition d'un recueil de nouvelles françaises en Argentine, où elle figurera en compagnie de trois autres auteurs français.
Elle s'est très gentiment prêtée au jeu des questions-réponses, et dans le public il y avait beaucoup de connaisseurs de ses écrits.
Une petite anecdote pour clore ce billet ; la première fois que nous avions rendez-vous hors le cadre d'un salon littéraire, elle sortait de chez le dentiste et ne pouvait pas parler. Comme nous devions nous donner un lieu et une heure, moi j'avais un portable dont je ne savais pas me servir! Résultat elle attendait à l'intérieur et moi à l'extérieur!
N'en fais pas une nouvelle, s'il te plaît Marie!
Voilà le résumé d'une dure semaine, pleine de rencontres très agréables. La vie d'un blogueur n'est pas toujours de tout repos!
Ayant remercié Colum McCann, je remercie également Marie pour cette agréable soirée.
Je pense la revoir avant de revoir Colum McCann.
A bientôt.
Yvon
Après la conférence, le rire!
13 décembre 2008
Rencontre avec Marie Le Drian.
Commentaires sur Rencontre avec Marie Le Drian.
- J'aime beaucoup tes compte-rendus, Yvon ! Et j'avais aussi beaucoup apprécié le roman que j'ai lu d'elle, il faut que je continue ma découverte
- Compte-rendu!Bonsoir Sylvie-Cuné
Les comptes-rendus sont des exercices qui me posent réellement un problème! Pour les salons, il faut essayer de n'oublier personne et on oublie toujours quelqu'un! Pour l'instant je n'ai pas eu de récrimination!
Pour McCann, c'était en anglais, il fallait prendre des notes, mais comme je connais relativement bien son oeuvre, c'est plus facile. Et l'ambiance y est pour beaucoup, et en cela je pense qu'il faut remercier les écrivains. De tous ceux que je connais, le premier mot qui me vient à l'esprit, c'est « la simplicité ». Même McCann qui regarde les yeux grands ouverts, plein de surprise une table de pub où une dizaine de musiciens jouent de la musique irlandaise!
Pour Marie, le problème est différent, nous nous connaissons et j'aime beaucoup ce qu'elle écrit. Le premier livre dont j'ai parlé au club de lecture de la médiathèque de Lorient était « Attention éclaircie ». C'était ma première apparition dans ce club! Deux habituées avaient prévu elles aussi d'en parler. Ah ces derniers arrivés qui ne respectent rien!
Découvre l'oeuvre de Marie, j'aurais l'impression d'avoir rempli l'espèce de blague entre elle et moi, qui m'a propulsé « Agent littéraire bénévole »
Bises et merci
Yvon
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