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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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3 octobre 2008

LECUYER Fabien / L'année des tempêtes.

L'année des tempêtes*
Fabien LECUYER
Note : 5 / 5.
O Solitude**
Comme beaucoup, j'ai découvert cet auteur, né à Nantes (Bretagne), en 1973 grâce à sa nouvelle « Sol invictus ». Cette nouvelle faisait partie de l'ouvrage gratuit « Nouvelles de Bretagne » 2007, qui avait eu un certain succès sur les blogs. Ce recueil de trois nouvelles relativement longues est son premier publié. La solitude est le thème principal de cette oeuvre.
« L'année des tempêtes »
débute ce livre. Nous sommes à la fin de la guerre, la grande, celle de 1914/1918. Une femme attend un homme, le sien. Depuis quatre ans, elle guette seule dans une auberge désertée au fond d'un marais où se perdent des animaux et parfois des humains. Quatre longues années qu'elle regarde cette porte, dans l'espoir qu'elle s'ouvre, cette porte, cette maudite porte. Et la porte s'ouvre, une voix qui dit :
-Bonjour Madame.....
Une histoire étrange, huis clos entre un homme et une femme, l'atmosphère est oppressante comme la brume qui monte des marais ou la pluie qui tombe incessante dans ce lieu retiré.
Deux narrateurs, la femme, Nañn, dont la raison ne semble qu'un lointain souvenir, perdue dans des monologues intérieurs dus à sa solitude. Elle ne se nourrit plus ayant atteint le fond du désespoir. L'auteur a une très belle image pour expliquer son état :
- Une robe de couleur jaune éteint porte Nañn ce matin.
L'homme, le père Henri, n'est pas le mari attendu, lui aussi est à bout, il était aumônier dans les hôpitaux du front.Un combat entre l'envie de vivre ou l'envie de mourir, l'une souhaite mourir, lui défend la vie à tout prix. Une écriture abrupte (c'est le qualificatif le plus juste que j'ai trouvé). J'ai également beaucoup aimé certaines tournures de phrases venant du gallo et du breton.Une nouvelle qui je pense restera dans ma mémoire.
«  La guerre intérieure »
commence par cette phrase « La vie sans toi c'est juste du temps qui passe ».
Un homme, fantôme transparent suit une femme de l'église où il lit ce qu'elle écrit jour après jour sur le registre. Il la suit dans la rue, à l'hôpital où elle amène sa fille . Dans le bus où ils se trouvent seuls au terminus, il la regarde, mais son regard à elle semble le traverser. La santé de sa fille s'améliorant, le secours de la religion est moins pressant. Mais la jeune fille retourne à l'hôpital et la mère à l'église ; sur le registre, elle écrit « Plus d'espoir ». Il cherche malgré tout son nom, son adresse. Dans quel but? Une histoire poignante, d'amour et de sacrifice.
« Sol invictus »
Un couple à l'ancienne, comme le qualifie l'auteur, fréquente un café-librairie, y prend ses habitudes. Le temps passe, puis l'homme vient seul. Par petits messages dans les livres qu'il feuillette, puis qu'il apporte, il raconte sa vie. Rachel, la libraire découvre le long chemin qui les a, un jour, amenés ici. Sa rencontre avec cette femme dans des circonstances où tout devait les séparer. Séparés, ils le sont, mais ils sont unis maintenant. Les jours et les saisons passent, l'homme décline. Noël approche...
Une nouvelle superbe sur l'amour, la littérature, le temps qui passe, puis au bout de la route la mort. Un régal de pudeur et d'écriture.
Les personnages vont en général par couple, homme femme bloqués dans une maison, couple mère fille avec comme témoin un homme mystérieux, couple de personnes âgés dont le mari reste seul.
Mais tous vont vivre pendant des temps plus ou moins longs des périodes de solitude qui les marqueront.
J'aime ce genre d'écriture saccadée, sans verbe parfois, des phrases courtes, par contre je ne suis pas sûr que ce style plaise à tout le monde.
Parfois la lecture est pour le moins ardue, je pense en particulier « La guerre intérieure », sorte de puzzle où nous suivons un homme en nous demandant pourquoi.
Un livre marquant!
Extraits:
- La vie va vers la vie. Je ne veux rien de mort en moi.
- La mort occupe l'embrasure de la porte. Elle est là, puisque ce n'est pas lui.
- Cette guerre fut-elle si horrible que même les prêtres en perdent la foi.
- Et je ne suis rien. Plus rien disons.
- C'est très moderne ça la solitude dans la multitude.
- Ça aide à vivre la beauté. Même tragique.
- A sa droite un livre. Le visage crépusculaire de Xavier Grall.
- Sur le premier un titre : L'inconnu me dévore.
- A 500 mètres d'ici, vers la droite s'élevait l'hôpital central de la ville.
- Le vieil homme ouvrit la porte et sortit. Vers la droite.
- Gloups et les quelques marches, vers la droite,-au revoir mademoiselle- et c'est tout.
- Je ne le vois pas remonter la rue...il avait pris à gauche....
Éditions : Actilia Multimédia.
*suivi de « La guerre intérieure » et de « Sol invictus ».
** Chanson ancienne sur une musique d'Henry Purcell.

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Commentaires
E
Bonjour!<br /> C'est un excellent recueil. Je t'ai envoyé un mail car je pense que la maison d'éditions peut l'expédier chez toi sans problème.<br /> A bientôt<br /> Yvon<br /> PS. J'ai mis si cela intéresse quelqu'un le lien de cette maison d'éditions sur ma chronique.
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F
Il y a tellement de douleur dans ces histoires! On (je) aimerait qu'elle continuent pour y voir, à la fin, un peu de lumière, un peu d'espoir. Fabien doit continuer à écrire! Je dois attendre 2009 pour me procurer la version "livre", ne vivant pas en Bretagne... J'attends avec impatience d'avoir ce livre!
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Ó
Merci, Yvon frændi.
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E
Ólöf frænka,<br /> J'espère que ce livre te plaira autant qu'à moi!<br /> Si tu veux venir donner ton avis, tu sais que tu es la bienvenue.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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Ó
Du coup, je vais le lire, ce petit livre que je viens de m'approprier...
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