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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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14 avril 2008

KERGRIST Jean / La cordillère des jambes

Cord2

La Cordillère des jambes
Jean KERGRIST

Note : 4,5
Fantasia en Bretagne Intérieure.
Premier roman que je lis de ce touche-à-tout de génie (rougis pas Jean). Comme rien n'est simple, c'est le premier que je lise, mais c'est le dernier édité. Le mythe de Marion du Faouët, revu, corrigé, transposé, démystifié, dépoussiéré, réactualisé, kergristé en un mot comme en cent.
L'action commence dans le bar d'un petit village de la Bretagne Intérieure. Valérie, la serveuse, qui je vous l'accorde, est accorte et canon (de blanc ou de rouge, chacun ses goûts). Donc Valérie qui ferait damner un saint, alors qu'elle en a deux, et même un pas encore Saint comme le Père Maunoir qui sévit dans la région à une époque lointaine. Mais ne nous perdons pas dans le décolleté de la demoiselle qui sert à boire à un dénommé André Le Gall. Celui-ci qui est dans le civil employé du CIA de Plounévezel, est là incognito pour un mystérieux rendez-vous.
Le temps passe, il est le seul client et craint pour sa vertu, quand le téléphone sonne, c'est pour lui. A l'autre bout du fil (et du canal de Suez), c'est l'homme qu'il attendait, l'émir de Langoélan, pseudonyme du Cheik Al Fayed Kamal Koutchma, souverain de l'île de Béni Tanb. Laquelle île est comme personne ne l'ignore un point stratégique sur la route du pétrole! Et cet homme puissant, pour donner du sang neuf aux habitants de son île, cherche une mère porteuse bretonne pour lui donner un fils.
Commence alors la quête , non pas du saint Grall, mais de la divine matrice pour que le prince du pétrole puisse y procréer. Et cette quête ne sera pas sans aventures ni rencontres étonnantes, un rave party dans la campagne, un commerçant ambulant et bossu, un moine tibétain, j'en passe et des meilleurs. Le banc et l'arrière banc des barbouzes de tous poils, des autonomistes bretons, une promenade en brancard , un enterrement et une Mercedes qui explose, un périple plein de péripéties!
André Le Gall, lui le discret aime le vin, beaucoup le vin. Il caresse un rêve (pas que cela d'ailleurs), de faire le tour de tous les vignobles de France, et de Navarre aussi, s'il y en a! Délégué par le patron du CIA auprès de l'Emir celui ci lui promet un flot de liquide qui lui permettra de mettre le tonneau en perce dans toutes les caves de l'Hexagone.L'Emir (nommons le ainsi pour simplifier) lui rêve d'une femme, il est prêt à tout mais dans la discrétion (pour cela rien n'est moins sûr). Et mirage, non pas une oasis, mais une photo dans un bistrot, non pas une femme mais « LA FEMME ». François, paysan du coin qui porte toute la misère bretonne sur ses épaules, les crédits, ses sept enfants, une épouse qui ressemble à un adjudant chef! Alors, il rêve ( à un moment il "ravera" même) du Mexique, de sa voisine Céleste (un don du ciel), de quitter cette terre humide, bref de changer de vie!
Ramadou Blaye est l'auteur de la photo, dont le modèle fait perdre la tête à l'Emir. L'exposition se nomme  «Paris la garce»  mais la photo a été prise à Locronan. Et Manon le modèle est bretonne. Ramadou lui rêvait d'indépendance artistique, il l'aura du moins financièrement.
Un roman qui commence comme une farce qui tourne au réquisitoire. Le début amuse, les démêlés de nos héros se suivent et ne se ressemblent pas. Mais la plume de Kergrist se fait plus incisive, il constate et dénonce ce monde agricole victime de la mondialisation, mais il dénonce que certains ont fait fortune, laissant les moins chanceux aux bords des chemins creux, ces chemins rasés pour la productivité. Il constate que les élus sont ou désarmés ou dépassés ou aveugles en vue des prochaines élections. Au passage il égratigne la religion, toutes les religions, « Opium du peuple » parait-il!l Hélas ici les rêves, comme partout, ont une fin.
Extraits:
- La serveuse éclata d'un gloussement de pintade. Arrivée de la commande sur la gare de triage de son petit cervelet.
- Valérie....comme d'Estaing?
Connais pas c't' énergumène!
-
L'épectase assurée!Le syndrome cardinal Danielou en plein milieu des ajoncs de Kerguzul.
- Ils n'ont pas encore réceptionné la commande de neurones permettant de regarder plus loin.
- Même un peu pété on reste agent CIA, crénom !
- J'étais au bar à vin comme convenu, mais un peu en dessous de la ligne de flottaison.
- De quoi faire frémir toutes les mann-gozh de Guémené à Pouldreuzic. (Hauts lieux de la tradition culinaire bretonne, note personnelle).
- Ces barbelés sont la signature des barbares. D'ignares. De brutes épaisses. De talibans bretons. De connards de première.
- Une nana vachement belle. Bien équipée du bustier.
- Les généreuses de poitrine le sont aussi dans la vie.
- Ils sont plus vulgaires que leurs cochons.
- Les enfants deviennent tous aussi cons que leurs pères.
- Les poulets sont dix fois plus dopés que nous. Ils crèvent aux moindres bruits.
- La flotte c'est notre trésor. Comme qui dirait le sperme de la terre. Sans elle, tout devient stérile.
- En Bretagne Intérieure, on est des Occidentaux à mentalité orientale.
Éditions Coop Breizh.
Couverture : Détail de « La Dame en rouge » de J.R. Ghéroldi.

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Commentaires
E
Bonjour Joëlle.<br /> Alors continuons de rire :<br /> http://kergrist.pagesperso-orange.fr/<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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J
Je tilte bien sûr<br /> le partage de cet humour
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E
Bonjour Kathel.<br /> Jean est « un personnage » pour qui j'ai beaucoup d'estime, donc je ne suis sûrement pas objectif. Comme en plus j'aime beaucoup ce genre de littérature mélangeant humour et critique d'une société bien pensante, je me suis régalé (mon côté très chauvin je suppose).<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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K
J'ai été un peu moins enthousiaste que toi, mais je ne regrette pas cette lecture ! Merci encore pour l'envoi, et à bientôt pour une autre découverte...
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