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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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2 avril 2008

GUILLOU Anne/ La lanterne bleue

La_lanterne_bleue

La lanterne bleue.
Anne GUILLOU.
Note : 4,5/ 5
Bleu espoir ou bleu nuit?
Second recueil de nouvelles de cette auteur que je lis, et je ne m'en lasse pas.
Huit récits pour le meilleur et pour le pire, mais pour la littérature, c'est le meilleur!
"La lanterne bleue" n'est pas, comme on pourrait le supposer, une maison de tolérance, mais un bar ordinaire. Pourtant un homme va y perdre son goût pour la vie, enfin la vie qu'il mène ou plutôt qu'il menait. Une très belle histoire d'amour à la fin tragique. Le tout dans un Paris subi, puis accepté par une majorité des bretons exilés.
Les gros lots* sont souvent à l'honneur chez les écrivains bretons, ici l'auteur nous donne sa version dans "Le loto, c'est facile, c'est pas cher, et..." Mais celui-là sera un vrai gros lot.
Il ne faut pas avoir un coeur de pierre dans la vie. Pour vous en convaincre, lisez "Géo-morphologie d'un sentiment". "Les talus ont disparu", le nom poétique de cette opération est "le remembrement" je pense que "démembrement" aurait été plus adapté pour les campagnes bretonnes.
Une femme se réveille en plein cauchemar la nuit de Noël, son mari un peu abruti de bonne chair et d'alcool dort à ses côtés. Elle revoit sa vie, le rêve d'aller vivre en ville, mais elle se marie avec un habitant du bourg. La promiscuité et les problèmes avec sa belle-famille, le beau-père qui veut tout régenter, la belle-mère qui n'accepte pas qu'on lui vole son fils. Les années de galère, le travail pour payer les dettes, les enfants, deux, et les problèmes avec Didier l'aîné. Son adolescence difficile, son agressivité et l'alcool en guise de rébellion. Mais pour ce fils, il y a la rencontre avec Françoise, est-ce enfin le bonheur?
"Le baiser du camionneur" a-t-il changé la vie de deux jeunes filles, celle qui l'a reçu et celle qui est passée à côté? Des dizaines d'années plus tard, une des deux jeunes filles se la pose encore.
Les monts d'Arrée servent de décor à la nouvelle "Tendresse de pierres", Angeline suit l'Ankou et les enterrements, les distractions sont rares et la parenté si étendue, et pour une vieille femme, c'est une façon comme une autre d'attendre sa propre mort.
"Une femme infidèle" clôt ce recueil, mais je ne vous parlerai pas de lit-clos, ni de secrets d'alcôve !
Des personnages attachants, entiers ou meurtris (souvent), dépassés ou passifs, des gens ordinaires avec qui on passe quelques minutes sans leur être d'aucun secours.
Un jeune prêtre qui retrouve une amie d'enfance ; un homme, une femme, un loto dans un petit village, et une belle histoire d'amour, c'est simple mais cela se gagne. Une élève et son professeur, ce n'est pas le coup de foudre, mais le proverbe dit "Patience et longueur de temps font mieux que force ni que rage". En prime une comparaison entre les baisers et les roches, quelques lignes pleines de finesse et d'humour.
-
Il y a le grès, baiser poli du couple fidèle et résigné. Le schiste, baiser prolétaire et rude des paysans ivres les soirs de pardon qui entreprennent leurs épouses étonnées.
Une famille de paysans en pleine période de changements de la société dans la Bretagne profonde, avec Jacqueline volontaire et têtue, travaillant à la ferme et que la vie n'épargne pas!
Une religieuse d'origine bretonne qui rêvait d'Afrique où elle est née et où elle a vécu, rencontre la misère, mais en centre Bretagne. Un personnage magnifique que cette "Soeur Morue".
De courts récits superbement écrits, de lectures faciles qui sont de grands moments d'émotion.
Extraits:
- Ils pleurent leurs enfances, leurs jeux naïfs, leur exil forcé puis consenti.
- Son coeur aussi commençait à prendre du ventre.
- Le coeur d'Edith se brouille de brume, de douceur et de nuit.
- Dans ce pays, les hommes n'aiment pas ces introspections.
- D'ailleurs Jacqueline a mesuré l'impuissance de l'église à aider quiconque dans sa lutte quotidienne.
- Leurs poitrines enflammées dévoraient le filet de vie qui leur restait. Elles s'en iraient toutes les deux emportées sur le même radeau de la misère et du dénuement.
- Un baiser de tendresse fougueuse, parfumé au pâté de campagne mêlé aux senteurs de vin et de café.
- On ne meurt pas à trente-huit ans. Si elle a rencontré la mort, c'est peut-être que quelqu'un a arrangé le rendez-vous!
- Moi je suis ingénieur, j'écris utile, je n'ai pas le temps pour les fioritures....D'ailleurs, c'est pas avec des poèmes que je ferais la digue du port.
Éditions :
Coop-Breizh. (1995)
Autre chronique de cet auteur :
Le désespoir tranquille des hommes.
*Le Gros lot dans le recueil du même nom de Jean Failler.
1,2,3 nous irons au bois de Nicolas Le Coq dans "Billets Brûlés".

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Commentaires
E
Bonjour,<br /> Très beau texte , je t'en remercie.<br /> Pour voir d'autres poésies de cette auteure, visitez le blog <br /> http://afleurde.canalblog.com/<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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S
© 18 mai 2006<br /> <br /> Bretagne mon amour<br /> <br /> Un petit grain de sable filant entre mes doigts,<br /> Fin comme soie sauvage me ramène chez moi.<br /> Là bas dans ma Bretagne dont la douceur me hante<br /> Là bas dans mes rochers que les marées tourmentent.<br /> <br /> J’ai comme un vide au cœur de ne plus voir son ciel<br /> De nuages pommelé et dont le bleu se noie<br /> Dans les vagues d’écume qui aux écueils se broient<br /> Portant dans leur vacarme le goût fort de leur sel.<br /> <br /> Il me manque le vent qui frémit dans les mâts,<br /> La couleur des couchers quand la mer est étale<br /> Les rageuses tempêtes qui font craquer les voiles<br /> Et la moisson des blés quand le soleil rougeoie.<br /> <br /> Le goût me manque aussi des galettes au blé noir<br /> Des crêpes que grand mère nous préparait souvent. <br /> Ils laissent un souvenir au fond de ma mémoire<br /> Un souvenir d’enfance au parfum enivrant.<br /> <br /> J’ai l’impression parfois de mourir doucement<br /> Sans ma terre Bretonne et ses landes au vent.<br /> Mon Iroise fougueuse le cri des goélands<br /> A mon cœur d’exilée manquent cruellement.<br /> <br /> Je suis comme amputée d’une partie de moi<br /> Quand je ne peux plus voir dans sa beauté sauvage<br /> Ma merveilleuse mer mourant sur les rivages.<br /> Ma Bretagne je t’aime et suis trop loin de toi.
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E
Très touchée par votre lecture attentive et complice. Merci.<br /> Anne Guillou
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