LANGLOIS Fannie / L'Urne voilée.
L'Urne voilée.
Fannie LANGLOIS.
Note : 4 / 5.
La femme dévoilée.
En bas de la couverture, il est noté : Récit poétique.
Première lecture de cette jeune auteur canadienne née en 1975. Livre que j'ai découvert dans une bouquinerie lorientaise. Première question : comment-est-il arrivé là? Je me souviens avoir trouvé également un jour un livre intitulé "Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXème siècle" au même endroit!
Vingt quatre textes de durée variable, leurs noms sont étranges : Laguz, Thurisaz, Hagalaz, Kenaz, Sowilo.
Des "récits" effectivement pleins de poésie, parlant de voyage, Paris, la Provence, des voyages intérieurs aussi.La musique est très souvent présente comme dans ce beau texte au nom poétique de "Hewaz". Souvenirs de pluie sur Paris, fin du XIXème siècle, l'opéra Garnier dans une loge, une femme se prépare, Walkyrie et Nibelungen , la mythologie envahit l'espace. Prague, les Alpes et l'Alsace, puis Paris encore en quête de quoi?
Le livre 2 marque un retour au Canada.
Mais il n'exclut pas certaines escapades comme à Venise, le temps du carnaval, un homme, les masques tombent, l'amour ou un rêve. Un homme, puis la séparation. Vie ou illusion?Une femme , la même sûrement . Elle se fond dans le personnage de Brynhild, cherche un sens à sa vie. Des voyages : Paris, Budapest, le retour au Canada. Wagner et sa musique que l'on retrouve souvent. Des retours vers l'enfance, la visite au cimetière où vingt ans plus tôt elle suivait l'enterrement de son grand-père. Les souvenirs qui lui restent de cet homme lui permettent de retrouver ses racines.
Une expérience littéraire envoûtante, les pages se suivent rapidement, la lecture est facile, mais le "Récit" terminé pratiquement une relecture m'a été nécessaire. L'écriture est parfois entrecoupée de poésie, et chaque nom de récit est suivi d'un ou de plusieurs vers. Une rapide recherche m'a permis de savoir que Brynhild, pour avoir défié le dieu Odin, fut endormie dans un cercle de feu, Sigud parvient à la délivrer.
Quand à faire une chronique satisfaisante, je me rends compte que ce n'est pas un pari gagné.
N'étant pas, loin s'en faut, un spécialiste de Wagner et de sa musique, je n'ai pas tout compris, dans ce récit onirique qui se laisse lire, j'ai passé un moment très enrichissant. J'ai toujours eu l'impression d'être entre deux mondes, le vrai et l'imaginaire, mais la frontière n'étant pas très marquée j'ai dû la franchir sans le savoir. Il semble que les autres oeuvres de cette auteur ne soient pas très faciles à trouver en France.
A noter également quelques mots qui m'étaient inconnus : Athanor, Cénotaphe ou Cinéraire.
L'athanor est un four pour les alchimistes. Un cénotaphe est un moment funéraire individuel ou collectif ne contenant aucun reste des morts. Une urne cinéraire contient les cendres d'un défunt incinéré. Je me sens plus intelligent aujourd'hui!
Extraits :
- Je repars sans même me demander s'il désire me revoir. Peu m'importe que cette nuit reste unique ou qu'il y en ait d'autres.
- Plus tard, j'entrerai dans la boite, les paupières closes, aussi closes que l'urne bleue, la chambre cinéraire.
- Cette ville est un jeu d'enfant ; pourtant qui la connaît bien sait y déceler les rudiments de l'Art qui se dévoile à contre-jour. (L'auteur parle de Prague).
- La mort est un baptême par le feu.
- Les secrets ne sont plus des secrets lorsque les serrures sont brisées.
- Tout évolue trop vite de ce côté de l'océan ; je me sens toujours en terre inconnue.
- Son esprit me dénude.
- Je longe les canaux de Venise avec la sensation d'appartenir à un autre monde. Un millier de vies conjure ton absence.
- Nous ne pouvons pas rester seuls à Venise, cette ville n'a pas été conçue pour la solitude.
- L'insomnie est un joueur de flûte. Il rôde encore dans la cour intérieure.
Éditions :
Varia (Québec)