Ce titre a été lu dans le cadre du club de lecture des blogueuses.
Je, François Villon.
Jean TEULE.
Note : 3 / 5.
Vices et vers!
Je ne sais pas si c'est une lecture que j'ai accepté ou si ce style de littérature ne m'inspire pas, mais sans dire que ce fut une corvée, ce ne fut pas et loin s'en faut un livre qui m'a pas intéressé. Et je ne sais pas non plus pourquoi? Une méconnaissance de l'écrivain et du poète que fut François Villon, sûrement.
La vie et l'oeuvre de François Villon, sa naissance le jour de la mort de Jeanne d'Arc (?).
La pendaison de son père et le supplice de sa mère, son enfance et son éducation plutôt bonne pour l'époque. Cela a certainement contribué à forger ce personnage aux multiples facettes.
Ses dérives alcoolisées, puis de "hors la loi". Ses rencontres avec certains personnages haut-placés. A l'aise avec la ribaude Margot comme avec les rois rencontrés au gré de ses pérégrinations. Ses démêlées avec la justice nous sont également narrées, bref une vie certes courte, mais en ces temps troublés peu de vies étaient longues.
A part Isabelle et le père Guillaume, les autres sont excusés, ce mauvais jeu de mots des gibets de potence, d'ailleurs certains y finiront et seront transformés en pâté par le charcutier le plus proche!
Des fous comme ce René d'Anjou qui tient une cour fastueuse, mais qui trouve amusant de ressembler aux pauvres.
Une autre rencontre, l'abbesse de Pourras, qui forme des nonnes pour les besoins charnels des marcheurs de Compostelle , Brassens la chante :
Témoin : l'abbesse de Pourras,
Qui fut, qui reste et restera
La plus glorieuse putain
De moines du quartier Latin.
Qui était réellement François Villon? Ce personnage détestable à mon goût (Le sort qu'il réserve à Isabelle est monstrueux) capable de tout, par exemple pour faire partie des "Coquillards", cette bande de bandits de grand- chemins. Se sentant à peine coupable quand ses farces de potache tournent au drame. Il faut lui reconnaître malgré tout une qualité, son refus de se plier aux puissants, tout en l'acceptant parfois par intérêt, un grand courage aussi mais des faiblesses coupables à certains moments de sa vie.
Certaines pages sont à la limite supportables et pas toujours nécessaires. Il semble que parfois l'auteur se complaise dans certaines descriptions pour le moins scabreuses. Quelle époque barbare, la liste des manières employées pour supplicier ou tuer quelqu'un est illimitée, de l' embouillonnement à l'enterrement alors que la personne est encore en vie. Et que dire de cette manière de se punir ou d'être puni que sont les "Loges de recluse" qui donne une des plus belles scènes du livre quand François reste d'un côté du mur et qu'Isabelle passe sa première nuit dans ce que l'on pourrait appeler un mouroir.
Je reconnais que c'est très bien écrit et très certainement très documenté, ce qui donne de l'intérêt à ce livre. Je pense que je lirais un jour "O, Verlaine". L'idée de mettre par ci par là des poèmes en vieux français, cadrant avec l'histoire est très ingénieuse. Mais cela n'autorise pas tout, même si l'époque n'était pas un modèle de justice, mais plutôt de barbarie primaire.
Extraits:
- Il ne parait pas heureux d'être là, ni aimer Paris.
- Voilà, c'est le siècle d'enfer.
- Et qu'il n'arrose pas le jardin. Treize enfants, dont sans doute aucun de moi, ça va peut-être aller comme ça!
- Nous avons perdu en François un honnête homme, mais nous avons gagné à jamais un grand poète......
- Au bord de la fosse, Robin Dogi se lamente devant tous ces corps perdus pour la charcuterie.
"Quel gâchis"
- Seul l'esprit vivifie, la chair ne sert à rien.
- Le ciel est joli comme un ange.
- Où vont-ils?
Le rependre au gibet de la Saint-Benoît, soupire maître Guillaume.
Ah, oui, c'est vrai en cette époque on exécute aussi les trépassés.
- "Quarante ans de solitude au cimetière dans une tombe pour vivante par tous les temps, pluie, vent, neige, nuit et jour..."
- Les aveugles ne savent plus où donner des coups de bâtons.
- Les mendiants aveugles s'entretuent avec fureur dans les rires des spectateurs.
- Vous êtes le mauvais garçon du siècle.
- Je constate que je suis débordé par le personnage légendaire que je deviens pour la jeunesse à Paris.
Éditions : Julliard.
Quelques liens qui vous mèneront vers d'autres : ici, ici aussi, et là.
01 mars 2008
TEULE Jean / Je, François Villon
Commentaires sur TEULE Jean / Je, François Villon
- C'est intéressant d'avoir l'avis d'un homme sur ce livre. Je vois que, comme moi, tu as relevé la cruauté du sort réservé à Isabelle. Je crois que c'est ce qui m'a empêché d'avoir une quelconque compassion pour Villon à la fin de sa vie, quand il se repent. J'ai été écoeurée par certaines scènes mais l'écriture de Teulé m'a subjuguée. Ce n'est pas un coup de coeur pour moi mais une bonne lecture.
- Ton avis m'a "rassurée". En abandonnant cette lecture, je me posais des questions, je me demandais si j'étais trop jeune, trop sensible, etc. Il semble que non.
Je trouve que Teulé a réussi un sacré tour de force mine de rien, séduire des lecteurs qui n'accrochaient pas au départ avec le thème du livre. - Négatif!Bonjour Lilly
Je pense que si plusieurs chroniques sont négatives, cela me semble normal, c'est le genre de livre qui ne laisse pas indifférent et c'est logique. Je pense que c'est relativement dur de rester neutre, mais une chose me trouble maintenant, L'épisode Isabelle, vérité ou romanesque? Sa participation aux "Coquillards", vérité ou pure invention?
A bientôt
Yvon - Ecoeurement!Bonjour Flo,
Remarques pour ce genre de scènes, on est prévenu dès les premières pages!
Après il faut se dire que l'époque était terrible,. Doit-on féliciter Jean Teulé d'avoir été si loin, ce qui est sûrement proche de la réalité, ou aurait-il dû édulcoré certaines scènes, je penche pour la deuxième solution, mais l'auteur pour la première, c'est son choix. Je ne regrette pas ma lecture même si ce fut laborieux.
A bientôt.
Yvon - J'ai apprécié dans cette lecture le fait de découvrir François Villon (que je ne connaissais pas) et ses ballades. Comme plusieurs le sort réservé à Isabelle a tué toute sympathie pour le personnages que je ne détestais pourtant pas au début avec son si grand désir de liberté. Certains passages...oufff!!!
- Contrairement à beaucoup d'entre vous, je ne suis pas parvenue à détester le personnage françois Villon, même lors de l'épouvantable scène de mise en pâture d'Isabelle. Villon était déjà perdu dans l'engrenage infernal de la fascination de l'horrible. Il n'empêche que la folie est partout (l'ergot de seigle ne devait pas y être étranger) et entre la potence et le reclusoir les échappatoires étaient rarissimes.
Une très belle lecture, pour moi, et la mise à nu d'une violence qui n'est pas aussi éloignée de nous que l'on pourrait penser. Au MA les gueux ne comptaient pour rien, aujourd'hui ce sont les travailleurs (dans le sens générique et non "arlettien"). - Travail!Bonsoir Katell
Ce livre m'a permis de découvrir une période de l'histoire que je ne connaissais pas.
Par contre, permets- moi de ne pas être d'accord avec cette phrase:
Au MA les gueux ne comptaient pour rien, aujourd'hui ce sont les travailleurs (dans le sens générique et non "arlettien").
J'ai commencé à travailler à 17 ans et 1 jour, j'ai été salarié en France, en Angleterre et en Algérie. Les choses les plus révoltantes que j'ai vues se sont passées en Algérie où les journaliers étaient obligés de voler pour trouver du travail le lendemain, c'était la prime à l'embauche pour certains contremaîtres. Je suis désolé, mais en 43 ans de travail, j'ai fait une fois appel au prud'homme et ils m'ont donné raison. Tout n'est pas parfait, mais je pense que certaines comparaisons n'ont pas lieu d'être.
A bientôt
Yvon - Après des recherches, il semblerait (je mets le conditionnel car après tout, personne n'y était pour confirmer) que l'histoire d'Isabelle est romancée, qu'il y a bien eu une Isabelle dans l'entourage de Villon mais on ne sait pas qui c'était. Pour moi, même si le poète a fait des actes horribles, l'époque était beaucoup plus dure pour tous et les gens étaient beaucoup plus habitués à cette violence omniprésente (après tout, la guerre de 100 ans venait juste de se terminer). Maintenant, bien sûr, tout cela nous parait intolérable ... heureusement !
- Vraiment, quelles réactions ! Ça m'incite à le lire pour voir ce que j'en pense, moi ! En tout cas, les commentaires que je lis sont toujours très constructifs; et le point de vue que tu arbores est vraiment intéressant, il me donne envie de comparer nos deux opinions, une fois que je l'aurais lu. Ton blog est très complet et agréable, en plus, j'adore l'Irlande ! Je t'ajoute dans mes liens ^^
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