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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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24 janvier 2008

GUILLOU Anne / Le désespoir tranquille des hommes

Guillou

Le désespoir tranquille des hommes.
Anne GUILLOU.
Note : 4,5 / 5.
Ainsi va la vie.
Anne Guillou est sociologue de formation ; à ce titre, elle a étudié le monde rural et ses mutations actuelles. Elle fut quelques temps présidente de l'association des écrivains bretons. Ce recueil qui est son troisième contient 10 nouvelles. Une oeuvre courte, moins de cent pages, mais un grand livre.
Des hommes évidement, d'ailleurs tous les titres des nouvelles commence par "L'homme qui" sauf une, pour celle-là c'est "L'homme qu'on".
André est chauffeur de poids lourd. Bon c'est sûr, ses amis l'appellent Dédé, et Dédé est un homme prêt à rendre service dans n'importe quelles circonstances. Ce soir au volant de son engin, il est fatigué et Brest est encore loin, il décide donc de s'arrêter un moment et il s'assoupit. Il est réveillé par des coups à la fenêtre. Une femme lui demande de l'aide, son pneu de voiture vient de crever et ne sait pas le changer. Il ne peut pas refuser, Dédé, mais jusqu'où le sens du dévouement peut-il aller vis à vis d'une femme que l'on trouve à son goût et quand cela paraît réciproque. Dilemme?
Comme le dit le titre du recueil, Antoine s'est économisé. Homme transparent, il passe comme un fantôme dans sa propre vie. Depuis la mort de ses parents, il vit seul. Sans femme, ni enfants, il voit parfois ses frères et quelques copains pour boire une bolée de cidre. La retraite arrive, un matin le téléphone sonne! La vie d'Antoine va changer, mais ce n'est hélas pour lui que du provisoire. Mais a-t-il seulement vécu?
Lucien, lui, a vécu l'armée et son cortège de voyages tous azimuts, les femmes toujours et les guerres parfois. Le retour au pays, un mariage et encore un départ en Nouvelle-Calédonie où il découvre la quintessence de la femme. Dès lors la Bretagne n'est plus qu'une corvée annuelle, une maison qui n'est pas la sienne et une femme qui ne l'est plus. Et arrive la retraite et l'envie d'autres choses, d'une autre sorte d'amour.
La nouvelle "L'homme qui fut humilié" pourrait être sous-titrée " Le cheval d'orgueil", tant l'orgueil d'un homme peut le rendre détestable. Et que son but est d'avoir des chevaux, car son frère en a!
La solitude d'une femme venant de la ville, prise au piège d'une vie qui n'est pas ce qu'elle avait espéré.
Un bien belle histoire pour finir "L'homme qui naquit dans une armoire". Un vieux médecin prend sa retraite, le seule chose qu'il veut garder, c'est une vieille armoire datant de 1739. Il explique à sa fille les raisons profondes de son attachement à ce vieux meuble.
Des personnages multiples et divers, mais des situations de la vie quotidienne.
Un chauffeur routier au grand coeur, pris au piège de sa gentillesse. Que choisir sa famille ou une aventure d'un soir?Pour Antoine, la vie n'est même pas un long fleuve tranquille, mais un océan de monotonie et de solitude subi et accepté. Le changement est-il encore possible!  Un baroudeur aimant les femmes tombe sous le charme d'une sainte locale née en 1599. Maurice, le boucher à la retraite est abattu (c'est vexant pour un chasseur), son épouse le quitte, part avec son argent et lui dit ses quatre vérités, dans une nouvelle jubilatoire! Une jeune femme traverse la Bretagne à l'appel de son frère, qu'a-t-il donc de si grave à lui annoncer qu'il ne peut le dire au téléphone? Un vieil homme est mort, tout le monde le surnommait "Varsovie" dans le village, à cause de son passé de prisonnier en Pologne. 
Un recteur et un maire, ne s'appréciant ni l'un ni l'autre. Deux écoles, une publique l'autre privée, c'est "Don Camillo" dans les Monts d'Arrée.
Des petits bijoux, tranches de vie ciselée par la plume de cette auteur que je ne connaissais pas, ce qui prouve que j'ai encore des progrès à faire en littérature bretonne. J'aime les recueils de nouvelles avec des personnages comme vous et moi, des gens que je pourrais croiser un jour dans la rue, discuter avec eux sans savoir ce qui se cachent derrière ces sourires de façade.
Un plaisir de lecture que j'aimerais faire partager.
Extraits :
- Un modèle réduit, certes mais une vraie femme. La bouche rose qui sort du col blanc du peignoir, quelle jolie chose!
- Un visage doux, sans rides. Il fait penser à un enfant qui a vieilli.
- Car Yvette, plus que jamais maîtresse du domaine, n'était plus qu'une jachère épineuse, impraticable.
- La joie et la douleur mêlées, l'homme a enfin étreint son âme-soeur.
- Je ne veux plus voir tes copains chasseurs qui n'ont pas plus de vocabulaire que des hommes préhistoriques.
- Christine a en horreur cette figure de la servante sublime que le clergé d'autrefois a exaltée.
- Il a accompagné les plus anciens, nés à l'époque de la rareté et qui s'éteignent à l'ère du gaspillage.
Éditions : La Grange aux Livres.
Un coup d'oeil dans ma bibliothèque m'a permis de me rappeler que j'ai lu il y a un certain temps "Gisèle ou la vie rebâtie" de cette auteur, un livre vraiment très fort.
Je remercie Pierre Angeli qui m'a autorisé à me servir de cette photo :
Marin bigouden.

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Commentaires
G
j'aime beaucoup cette idée de portrait de ces hommes. Je vais peut-être me faire une semaine nouvelle aussi !
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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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