ADAM Olivier / A l'abri de rien.
A l'abri de rien.
Olivier ADAM.
Note :3 /5.
Le monde comme il va...... Mal!
Lu dans le cadre du Goncourt des lycéens. Encore une fois une découverte car je lis ce romancier pour la première fois. Disons tout de suite que des livres que j'ai lus pour cette manifestation, j'ai une préférence pour "On n'est pas là pour disparaître" d'Olivia Rosenthal.
Un bord de mer dans le Nord, près de Sangatte, le camp a fermé, les problèmes sont restés. Un univers gris, de la pluie, du vent, l'automne peut-être ?
Marie s'ennuie, elle a perdu son travail et, comme beaucoup de gens, galère pour se reconstruire une vie sociale. Elle erre sans but dans sa maison, oubliant même les choses la plus élémentaires, les activités de ses enfants par exemple! Le souvenir de sa soeur Clara morte dans un accident lui revient, leur jeunesse et ce qu'elle est devenue, elle Marie. Elle croise par hasard des clandestins qui espèrent l'Eldorado anglais, ombres fugitives ne vivant que de la charité de quelques associations caritatives ou de bénévolat. Marie s'engage dans ces actions humanitaires, mais elle n'est pas capable ou ne veut pas se fixer de limites. Peu à peu, elle néglige ses enfants, donne des vêtements, met son couple en péril et se coupe aussi de son voisinage. Sa famille devient la victime de médisances, son mari ne supporte plus les railleries dont il est l'objet, Marie persiste et signe. Elle donne tout, ruine son foyer pécuniairement et affectivement!Mais malgré sa bonne volonté, certains dangers sont là bien réels, pour des hommes poussés aux dernières extrémités.
La démesure du personnage de Marie à mon goût retire de l'intérêt au livre ; son investissement personnel est hors de proportion avec son mal de vivre, elle se perdra, mais entraînera son mari et ses enfants dans son désir de bien faire. Stéphane, son mari, paraît dépassé. D'ailleurs tout le monde le serait, il me semble, dans un cas comme celui-là, malgré tout il lui reste une once d'amour pour soigner et aimer encore Marie, mais n'est-ce pas trop tard!
Lucas et Lise, les enfants, seront les premières victimes des commérages et de la bêtise des gens, pauvres victimes innocentes.
Je comprends mieux l'engagement Isabelle. Elle est seule, son mari et son fils sont morts dans un accident de camion, alors elle accueille des réfugiés dans sa maison. Son court séjour en prison ne nuira à personne, mais elle quittera la région. Ainsi va le monde!
J'aime l'écriture mais ce livre me m'a pas particulièrement enthousiasmé, en tout cas moins que les critiques que j'ai parcourues de droite et de gauche. L'atmosphère de désolation (je ne vois pas d'autre mot) de ces hommes que le destin a jeté là est très bien rendue. On ne peut qu'être ému par cette tragédie humanitaire, mais le personnage de Marie me semble absolument immature et son comportement trop déraisonnable pour être crédible.
Une belle écriture pour un livre qui m'a déçu.
Extraits:
- Le labyrinthe des rues aux noms d'arbres absents.
- Un barbecue portatif qui n'avait jamais servi, faute de bois, faute de charbon, faute de soleil, faute d'envie.
- Sa maison c'était la notre à l'envers, son reflet dans un miroir.
- Je n'ai rien fait, comme d'habitude. Je n'ai jamais su.
- Souvent je repensais aux copines de ce temps-là, à ce qu'elles devenaient.
- Trois jours plus tard elle mourait. J'en suis tombée à la renverse. Je crois que je ne m'en suis jamais vraiment relevée.
- Je crois qu'au fond je suis comme tous ces gens qu'on a ramassés à la petite cuiller un beau matin.
- Incapable de prendre moi-même mes décisions ou d'assumer mes actes.
- Ici à l'abri des maisons, et partout ailleurs en France, toutes les vies se ressemblent.
- C'est Stéphane qui m'a ramassé. Une fois de plus, c'est lui qui était là et lui seul.
Éditions : Éditions de l'Olivier.