KERDRAON Mikaela / Kan ha diskan
KAN HA DISKAN.
Correspondances Grall-Glenmor.
(Établies par Mikaela KERDRAON).
Note : 4/5.
Semblable/dissemblable.
Deux monstres sacrés des lettres bretonnes. Un colosse chanteur barbu et chevelu. L'autre d'apparence frêle, écrivain et pamphlétaire. Une terre et passion, la Bretagne. Des points communs, le talent et une constante : ne pas avoir leurs langues dans leurs poches.
La langue, parlons-en, Glenmor était bretonnant de naissance, Grall, non, et je pense qu'il le regrettait.
Quelques écrits déjà connus, mais surtout des inédits ou des raretés. Glenmor écrivait peu (je parle de courrier), Grall beaucoup plus. Mais leurs correspondances ne sont pas les seuls écrits de ce livre. Nous y trouvons des textes de Grall sur Glenmor, leur rencontre et leurs amitiés naissantes. Ce livre contient de nombreux extraits du magazine "La Nation Bretonne" qui parut entre janvier 1970 et mars 1971. Il faut lire un hommage simple pour un bout de tissus "Variations sur un gilet" où on apprend que Grall, comme il le souhaitait, fut enterré avec.
Trois beaux textes de Glenmor écrits pour la mort de Grall sont réunis sous le titre "Steele pour Grall" et clôturent ce livre.
Les amis enthousiastes de la cause bretonne : Alain Guel (dont malheureusement je ne connais pas les écrits, mais je me soignerai), le caricaturiste Alain Coupé, l'aventure du journal "La nation Bretonne". Avec le recul, certains textes paraissent pour la nouvelle génération un peu dépassés, mais pour l'époque ils étaient à l'opposé quasiment révolutionnaires. J'ai beaucoup aimé également l'hommage à Brendan Behan, ce grand écrivain irlandais et non moins grand patriote, mais qui comprit les limites de la lutte aveugle. J'ai conscience d'avoir oublié beaucoup de monde et beaucoup d'excellents écrits, j'en suis désolé.
Un bien beau livre, qui tout en ne me rajeunissant pas, me fait très plaisir.
C'est pour moi un hommage à deux hommes qui se sont battus pour que des choses qui paraissent simples et acquises maintenant le soient devenues. Le drapeau en flottant libre au vent et aussi en vente libre, les BZH sur les voitures, la culture et la langue, ce sont eux et d'autres et ce ne fut pas réellement facile. L'identité bretonne n'était pas encore une chose acquise.
Un grand merci à Mikaela Kerdraon pour ce livre et également pour deux autres ouvrages "Au nom du père-Chroniques du Logéco" sans oublier "X.G. Une sacrée gueule de Breton".
Et je rajoute, après avoir fait sa connaissance, sa gentillesse et sa disponibilité.
Extraits:
- Car cette Bretagne n'a d'existence que par l'idée que les Bretons s'en font. Le reste n'est que littérature.
Glenmor
- La Bretagne est une invention mystique, poétique
Mon pays, je l'invente.
Xavier Grall.
- Il se nomme Martin et ce n'est pas parce qu'il est Berrichon qu'il est moins âne que n'importe quel élu de paroisse.
Glenmor.
- Je suis Breton libre. Le fanatisme, d'où qu'il vienne, m'est intolérable.
Xavier Grall.
- La langue se meurt alors soufflons dans le biniou. La Bretagne se vide exportons la gavotte. Le fest-noz devient le haut lieu culturel de l'émigration.
Glenmor;
- J'étais devant la porte et deux êtres m'ordonnaient de rentrer dans la maison. Et de la défendre. Et de la refaire. C'était Alain Guel, c'était Glenmor.
Xavier Grall.
Éditions :Coop Breizh