POLLIER Anne / Groix Paris 1940
Port de Locmaria. Île de Groix.
400 éme chronique !!!!!!!!!!
Groix Paris 1940
Anne POLLIER
Note : 4/5.
Qui voit Groix voit sa joie!*
Originaire de Groix par sa mère, Anne Pollier est née à Dunkerque en 1910.
Elle a vécu au Havre, à Lorient et à Paris. Elle est décédée en 1994.
"L'association des amis d'Anne Pollier" tente de faire publier certaines oeuvres inédites. Ce livre est le premier de cette série.
A signaler la préface de Nancy Huston qui, en plus, a aidé au "décrytage" de l'écriture d'Anne Pollier.
Une phrase de l'avant préface me saute aux yeux :
"Mais quel choix mystérieux préside donc à tous ses sacrifices et à la protection de quelques-uns" Ces mots furent écrits en 1940.
En cette année 1940 précisément Anne est enceinte, sa première fille, Léna, est décédée subitement deux ans plus tôt.
Son journal commence le 1er janvier à Groix, c'est comme partout l'hiver, c'est aussi la fin de "La drôle de guerre", mais dans cette île, la paix règne encore, la vie simple s'écoule paisiblement.
Mais il faut retourner à Paris, attendre le courrier. Écrire des nouvelles pour espérer être édité, les amis et les sorties parfois, le froid. Les visite de R., le mari, quand il peut se libérer, la lecture pour exutoire, "Autant en emporte le vent". L'arrivée du printemps et la naissance de Pierrick, deux rayons de soleil, enfin! La guerre s'intensifie, avec le mois de mai vient le retour à Groix, mais aussi la progression des forces allemandes. L'été verra l'occupation de Lorient et de Groix. Les problèmes de santé de la famille occultent un peu la guerre. L'automne voit le retour à Paris, la pénurie, la vie chère. R. a rejoint la famille. Une visite inattendue, la mère de l'auteur arrive de Groix. L'hiver sera rude et froid, la vie continue, mais la guerre aussi.
On ne peut juger de l'écriture d'Anne Pollier sur ses écrits appelés par son mari des "carnets météorologiques". L'instantanéité, l'instant présent, des mots posés sur un bout de papier, voilà ce que représente à mes yeux ce livre. Des réflexions spontanées sur les deux choses les plus importantes du moment, Pierrick et la guerre, je pense que comme toute mère, Pierrick était plus important que la guerre.
Extraits :
- 1er janvier : Mais pour les enfants d'ici, l'enchantement fait d'ignorance, de parfaite et douce innocence.
- 7 février : Solitude, solitude-la maison sans feu-cette maison de ciment glaciale.
- 25 mars : Je suis sortie ce soir, attirée par la pluie, a cette heure bleue de fin de journée.
- 26 avril : Pierrick est né le 26 mars 1940, officiellement sous le nom de Pierre-Robert, le nom breton ayant été refusé.
- 10 mai : Tout est si beau, si calme. Et cependant, en ce même moment, l'Allemagne envahit la Belgique et la Hollande.
- 10 juin : Mais que sera, après cela, la face du monde? Le monde qui n'aura plus de trace de ce que nous aimions.
- 19 juillet : Pesé Pierrick, dont le poids n'a pas varié depuis 12 jours. J'avais été au bourg.
- 16 août : Que ferons-nous cet hiver?
- 11 septembre : Retour à Paris. Pris le train à Lorient le 11.
- 6 octobre : La faim.
- 5 novembre : R. se démène, court à la mairie et à la préfecture pour obtenir un supplément de charbon.
- 30 décembre : C'est aujourd'hui que le poussin a pris son premier repas de grand bébé.
Éditions :L'écume des jours.
*Adage îlien.
Site des amis d'Anne Pollier.
http://lyza.chez-alice.fr
Je remercie Ty Dub's :
http://groix.over-blog.com/
qui m'a permis d'utiliser une peinture figurant sur son blog, qui a été peinte par son grand-père Adolphe Barbier.
Merci encore.
Yvon.