JOHNSTON Jennifer / L'illusionniste.

L'illusionniste.
Jennifer JOHNSTON.
Note : 4/5.
Illusions et désillusions.
Roman datant de 1995, dont l'Irlande sert uniquement de décor.
Une femme, Stella, vit seule aux environs de Dublin. Son mari vient de mourir en Angleterre. Elle se remémore sa vie en attendant sa fille, Robin qu'elle a abandonnée des années auparavant.
Jeune irlandaise, elle fait la connaissance de Martyn, un illusionniste qui la séduira, malgré les mises en garde de ses parents, qui ne voit pas cette union d'un bon oeil. Une installation dans le Suffolk isole la jeune femme surtout que les activités de son mari et de ses deux associés demeurent très floues, comme beaucoup de pans de la vie de son conjoint. Il ne parle jamais de parents, ni d'une quelconque famille, la seule personne dont elle connaît l'existence est une dénommée, Angela, sa secrétaire. La naissance d'une fille ne rapprochera pas le couple, bien au contraire, le père et la fille se liguant contre Stella. Son ancien employeur lui offre un jour une machine à écrire, et lui conseille de mettre ses pensées sur le papier, ou de raconter une histoire. Son roman sera publié, marquant la fin d'une époque pour elle. Bien des années plus tard, cette rencontre avec sa fille ravive de nombreuses blessures et désillusions pour elle.
Stella, jeune fille naïve, bercée d'illusions par un spécialiste de l'esbroufe est tour à tour irritante par sa passivité, par son abandon progressif de toute dignité, l'écriture lui ouvrira d'autres horizons; lui redonnant une confiance perdue.
Martyn, avec un Y,"s'il vous plaît", est un homme plein de mystères, autoritaire et également un personnage plutôt antipathique. Il peut se montrer cruel envers Stella pour la rabaisser. Bref, un homme souvent détestable, mais sans pour cela que le trait soit poussé. Quel est le rôle exact d'Angela, dont il dit qu'elle n'est plus sa secrétaire depuis des années? Qui sont ses deux associées et que cachent ses voyages de plus en plus lointains?
Toujours la très belle écriture de Jennifer Johnston, qui étudie la lente dégradation d'un couple, surtout due à un homme, artiste réel ou maître de la manipulation? Un personnage qui est sans arrêt sur scène, se berçant lui même et Stella d'illusions. Malgré les nombreux retours au passé, une lecture aisée et agréable.
Pas un des très grands romans de Jennifer Johnston, mais un bon livre, qui, s'il n'atteint pas "Les ombres sur la peau", ne dépareille pas dans la bibliographie de l'auteur.
Extraits:
- Ton père s'aimait lui même. Profondément. Et il t'aimait.
- Voeux et promesses devraient être considérés avec prudence, et non, à mon avis, dans le feu de la passion.
- Je devins une étrangère dans mon propre pays. C'était une chose à laquelle je n'étais pas préparée. Un douloureux déchirement.
- Je ne suis pas une colombe qu'on dresse.
- Quantité de magiciens célèbres se sont extraits de leurs cercueils à six pieds sous terre bien avant toi.
- Demain est un autre jour, peut-être une autre vie.
Éditions : Jacqueline Chambon. (1996)
Titre original: The Illusionist. (1995)
Autres chroniques de cet auteur :
Le sanctuaire des fous.
Les ombres sur la peau;
Une histoire irlandaise.

Comments

[Eireann yvon]

Bonsoir Aria,
C'est vrai que ce livre fait de l'ombre au reste de sa production!
A bientôt
Yvon

[aria]

Oui, mais si tu places la barre aussi haut que "Les ombres sur la peau", c'est difficile !
Merci pour la date de publication. A bientôt ! ;-)

[Eireann yvon]

Bonjour Aria,
Ce roman a été édité en 1996, mais ne semble pas être sorti en poche.
Il est à mon goût moins bon que "Les ombres sur la peau" mais ce n'est qu'un avis personnel, que tu sembles partager si ma mémoire est bonne.
A bientôt
Yvon

[aria]

Chic ! un Jennifer Johnston, même si tu dis que ce n'est pas un des meilleurs.
Tu peux me dire en quelle année il a été publié, please ? Merci, merci !