LANDER Leena / Obéir.

Obéir.

Leena LANDER.

Note : 5

L'obéissance civile!*

Un auteur que je ne connais pas, une époque historique inconnue dans un pays que je ne connais pas du tout, mais dont j'ai de bons souvenirs littéraires.

Encore une fois, voyage au hasard, attachez vos ceintures!

Nous sommes en Finlande en 1918, la guerre civile fait rage entre les blancs et les rouges. L'histoire se déroule dans une institution pour aliénés transformée en centre de détention.

Dès les premières lignes, le ton est donné :

"Un coup de B..e est un coup de b..e dit-elle d'un ton neutre".

La femme est une "rouge" captive des "blancs" qui est-elle? Et pourquoi cette résignation ?

Miina Mahlin est prisonnière, elle a réchappé avec son geôlier, le soldat Aaro Helleberg, à un accident dans une île proche. Emile Hallenberg, écrivain prétentieux et chef de ce camp, est chargé de l'interroger.

Que s'est-il passé pendant les 10 jours où ils ont disparu, quel a été le niveau de leur relation, intime ou non? Le soldat, lui, du fait de son statut de jäger (soldats entraînés par les troupes allemandes dont ils portent l'uniforme) bénéficie d'une sorte d'impunité.

Alors nous pénétrons dans un monde baroque, où un raté fait la loi, un fou se promène avec un appareil photo pour capturer des fantômes. Mais aussi un univers dans lequel les querelles politiques viennent aussi après la victoire.

Un monde sanguinaire aussi où les soldats éméchés encouragés par leurs supérieurs fusillent des femmes. Qui représente le pouvoir, si celui-ci est vraiment assuré?

Qui est réellement Miina Mahlin, la rouge, une combattante, troquant une peur de vérité contre des avantages? Faut-il remonter dans son enfance pour trouver les raisons de son comportement?

J'ai par moment l'impression d'être dans un de mes feuilletons préférés "Le prisonnier". Dans la série, le juge (le numéro 2) voulait des renseignements ; dans ce livre, le juge veut qu'elle avoue. Le village, un peu fou du feuilleton, devient ici un asile d'aliénés transformé en prison. Dans l'un, la victime, le n°6 se rebelle, dans le livre tout le monde subit. Mais l'impression est aussi obsédante. Qui sont réellement les fous!

Entre chaque chapitre figurent quelques lignes sur les loups.

Pour mieux nous rappeler le proverbe "L'homme est un loup pour l'homme".

Une très belle écriture qui par petites touches et par l'ajout de personnages qui paraissent insignifiants, nous intriguent et nous tient en haleine.

Un livre étrange, envoûtant dont on attend la fin, mais dans lequel, tel dans un labyrinthe on s'égare, se demandant vraiment où l'on est. Une réussite.

Extraits :

- Mais la nature a horreur du vide. L'espace est fait pour être rempli.

- Prétend-il appartenir à la caste des soldats taciturnes, soi-disant revenus de tout?

- Pourquoi le sort de cette femme vous préoccupe t-il encore? Vous n'avez quand même pas fait des bêtises avec cette Miina Mahlin dans votre île?

- Même la haine peut rapprocher, quand on l'entretient en vase clos.

- Emile regrette aussitôt ses paroles. Le moment est historiquement mal choisi pour ironiser sur l'alliance entre les fous et les classes inférieures militairement vaincues.

- Un prisonnière ici? Tu as complètement perdu la tête?

Oui, au dire de plusieurs spécialistes.

- Ce sont les vainqueurs qui mènent le bal. Il en a toujours été ainsi, et il en sera toujours ainsi.

- A terrible beauty is born, comme dit un de mes collègues, un Irlandais.

- La prisonnière avait raison. L'animal existait. Il était en lui.

Éditions : Actes Sud

Titre original:Käsky (Finlande)

*En référence à un de mes livres préférés "La désobéissance civile" de Henry David Thoreau.

Comments

[Eireann yvon]

Bonsoir Tryphon,
Merci de ta visite.
Si ma mémoire est bonne, j'ai moi aussi beaucoup aimé ce livre!
Au plaisir
Yvon

[Tryphon]

... D'avoir fait un article sur ce bouquin, je l'ai adoré! :)

[Eireann yvon]

Bonjour Joëlle
Non, pas de boules bondissantes, mais un personnage avec un parapluie et une cape toute bariolée m'a demandé la direction du "Village", je l'ai envoyé à l'office du tourisme!
Yvon

[Joelle]

Pas de vilaines boules blanches bondissantes quand tu es sorti de la médiathèque ? C'est plutôt bon signe ! :)

[Eireann yvon]

Où suis-je?
A la médiathèque!

Je prendrai des provisions la prochaine fois. Pour la lecture, on pourra tenir quelques jours.
Bonjour chez-vous!
Yvon