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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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3 avril 2007

BI Feiyu / L'Opéra de la lune.

L'opéra de la lune

Feiyu BI

Note : 4

La lune sur son déclin.

Bi Feiyu est né en 1964 à Xinhgua dans la province de Jiangsu. Journaliste et écrivain, il obtiendra plusieurs prix littéraires.

A noter un excellent avant propos du traducteur pour nous initier et nous faire parcourir

les coulisses de l'opéra de Pékin avec ses rîtes ancestraux. Et surtout nous guider sur la signification des noms et des rôles des comédiens. 

Le PDG d'une manufacture de cigarettes demande à Qiao Bingzhang, directeur d'une troupe d'opéra de remettre en scène "L'envol vers la Lune". Il en sera le mécène, si Xiao Yanqiu tient le rôle de Chang'E. Le directeur voyant cette manne providentielle tomber du ciel accepte, mais il se rappelle vingts ans plus tôt........

A cette époque Xiao débutait, sa carrière s'annonçait prometteuse, sa voix était belle, ses qualités de comédienne évidentes, mais elle n'était, du fait de sa jeunesse, que la doublure de Li Xuefen. Une réaction d'orgueil mal placé et un geste ignoble de sa part briseront sa carrière et la pièce ne sera finalement pas reprise.

Aujourd'hui, elle ne chante plus, mais enseigne. A la surprise de Qiao, elle accepte le rôle, ce qui n'est pas pour enchanter le reste de la troupe qui ne voit pas son retour d'un bon oeil. Se pose également le problème de la doublure, mais si Xiao la choisissait elle-même, le dilemme serait résolu, ce qui fut fait, l'heureuse élue est Chunlai, son élève préférée.

Mais le temps est également passé par là, la voix n'est plus aussi bonne, le tour de taille s'est développé, elle s'est mariée et a une petite fille. Commence alors un vain combat contre l'âge et les kilos, mais aussi contre elle-même et les intrigues de couloirs.

Xiao Yangiu est, comme vingt ans plus tôt, prête à tout pour obtenir ce rôle pour lequel elle croit être née. Elle consent à accepter un régime draconien et à coucher avec le mécène qui finance cet opéra. Elle devient odieuse avec son mari et délaisse sa fille. Elle renie sa parole de donner une grande partie du rôle à son élève Chunlai. Elle rejoue la même partition que vingt ans plus tôt, mais maintenant c'est elle qui refuse de partir, poussée par son orgueil, et ce, malgré des problèmes de santé et de couple.

Son mari est un être frustre, qui tout au long du livre est appelé "le joufflu", serait un brave homme sans ses besoins sexuels. Le temps passant, elle se refuse de les satisfaire, ce qui accentuera la rancune de l'un et de l'autre. 

Chunlai également veut quitter l'opéra pour un poste plus lucratif à la télévision. Elle accepte de rester, mais de voir son statut passer de doublure à chanteuse, vu les difficultés éprouvées par Xiao, elle ne sera pas, les premiers temps, récompensée de ses efforts. Mais Xiao ne pourra plus reculer, son temps est révolu. Elle est passée à côté du rôle de sa vie, et aussi de sa vie tout court. 

J'ai aimé ce court roman, pour le dépaysement apporté, cette plongée dans le monde de l'opéra de Pékin qui, de vitrine d'un certaine Chine communiste, finit dans les mains d'un mécène d'état. J'ai aimé également l'histoire de cette femme qui passe, comme le temps, de débutante en femme trop âgée pour un rôle qui ne supporte pas le manque de jeunesse et de beauté. Une découverte qui m'a beaucoup intéressée.

Extraits :

- Il était dit que "L'envol vers la lune" ne devait pas être joué. Toute oeuvre, comme tout homme, a son destin auquel elle ne peut se soustraire.

- On préfère toujours enseigner l'air plutôt que les paroles et les paroles plutôt que la manière de les dire.

- Quand on n'avait pas d'argent, on pensait à l'argent, et quand on avait de l'argent, on avait un problème pour le dépenser. L'argent était le visage de l'histoire. L'argent était vraiment une chose étrange.

- Xiao Yanqiu était une beauté glaciale. En la voyant marcher sur les pavés de l'allée, on pouvait la prendre pour une somnambule, une sorte de zombie.

- Les hommes aiment lutter contre les hommes. Les femmes, tout au long de leur vie doivent lutter avec elles-mêmes.

- Le résultat fut rapide. Son poids chuta à la même vitesse que la Bourse en période de crise.

- Le jour se leva enfin. Hier était fini.

- Chang'E était partie laissant, sans pitié, Xiao Yanqiu à Xiao Yanqiu.

- En cette nuit d'hiver, l'année de ses quarante ans, Chang'E avait cessé de souffrir, morte de mort inconnue, à l'âge de quarante huit mille ans.

Éditions : Philippe Picquier

Titre original: Qingyi

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