FAILLER Jean / Les bruines de Lanester.
Les bruines de Lanester.
Jean FAILLER.
Note 3,5 / 5.
Première enquête pour Mary Lester. Le pont qui figure sur la couverture est à vol d’oiseau à 200 mètres de chez moi et je l’ai emprunté avec le train pendant pratiquement 10 ans, matin et soir.
Mary Lester est en poste à Lanester, c’est sa première affectation en Bretagne pour elle dont les parents habitent Pont Scorff. Le Scorff, il va en être souvent question, surtout après la découverte du cadavre d’un clochard, noyé et pris dans le parc à bois de la Compagnie des Indes*.
Marc Amédéo, le supérieur de Mary, petit homme désagréable et vaniteux, penche pour un accident, cet homme ivre a dû tomber du pont, se noyer, et emporté par le courant est resté accroché à un de ces troncs d’arbres. Le lendemain, Madame Sallabert vient voir Mary pour signaler que son mari, directeur d’un supermarché, a disparu depuis 4 jours. Il était parti avec la camionnette du magasin couper du bois en prévision de l’hiver, comme il faisait pratiquement tous les soirs. Pour Amèdèo, c’est une fugue, ce brave homme s’est envolé pour les îles avec une femme, pas nécessaire d’ouvrir une enquête. Le véhicule est retrouvé, il a servi à un cambriolage et un des voleurs est en prison, Mary cherche à en savoir plus, ce qui ne lui vaut pas que des compliments.
Mary Lester est attendrissante en jeune policière fraîchement émoulue de l’école. Evidemment être confinée dans un bureau pour des tâches administratives n’est pas sa vocation première.
Par opposition Amédéo, vieux beau prétentieux et de l’ancienne école, ne supporte les femmes que dans un lit, pas dans un commissariat. Mary devra prendre sur elle pour mener son affaire souvent seule, mais un ou deux collègues malgré tout l’aideront pour résoudre ces mystères.
Une écriture simple sans esbroufe, donc de lecture facile. L’intrigue se tient et le final est à rebondissement. Connaissant très bien le coin, les descriptions sont très parlantes et je suis, sans problème, les déplacements de chacun.
Un bon roman policier qui change des habituels schémas de la littérature anglo-saxonne.
* Entre 1847 et 1852, la Marine Royale "plantait" des arbres sans leurs racines dans la vase dans le but de les rendre imputrescibles pour la fabrication des mats des navires en bois. Ils sont encore visibles à marée basse.
Extraits :
- A ces pieux destinés à retenir d’autres troncs que des troncs humains.
- C’était un doux clochard aux ambitions limitées à deux objectifs bien précis : trouver à boire quand il se réveillait, et dormir quand il avait bu.
- Elle exécrait ses façons d’entrer dans son bureau sans frapper, cette habitude qu’il avait de lui dire "mon petit" quand elle le dépassait d’une demi-tête, son allure de bellâtre méditerranéen, pour ne pas dire de maquereau marseillais s’attendant à voir toutes les femmes se pâmer devant lui.
- Croyez-en ma vieille expérience, Lester, le monde de la cloche est un monde très fermé. Surtout aux flics.
- Lanester, une petite ville de France, comme des milliers d’autres, avec les mêmes problèmes que des milliers d’autres.
- La mer qui monte pousse doucement le corps vers le pont Saint-Christophe. Puis elle redescend à sa cadence immuable : six heures de montée, six heures de descente.
- Comme disait mon grand-père, un cap hornier du temps de la marine à voile, avant d’être capitaine il faut être matelot.
- Etrange cité où, en peine ville il est plus facile de garer son bateau que sa voiture…….
Editions du Palémon. (1998)