BRODERICK John / Les fugitifs

Les fugitifs

John BRODERICK

Note :4,5

Fuite en avant.

John Broderick (1927/1989 ) est un de mes écrivains irlandais préférés. Ici comme dans ses autres romans, il dénonce la vie étriquée dans les petites villes irlandaises et le poids de la religion. Ce livre datant de 1962 est donc antérieur à la période des "Troubles"

Lily Fallon qui vit à Londres rentre en Irlande, elle doit y retrouver son jeune frère Paddy, qui avec d’autres membres de l’IRA ont tué le secrétaire britannique aux affaires d’Irlande du Nord.

Dans la maison familiale, elle retrouve sa belle-mère, Hetty, redoutable commère et bigote, et sa tante Kate, gentille vieille dame, honte de la famille pour avoir renoncé à ses vœux et ne plus aller à la messe depuis 47 ans. Toutes apprennent la participation de Paddy au meurtre de Londres. L’ambiance de cette maison et de ce village est déprimante, l’arrivée d’Hugh Ward, responsable de l’IRA, supérieur hiérarchique de Paddy ne va pas arranger les choses, bien au contraire. Surtout que celui-ci, dans un but de discrétion, se fait passer pour le fiancé de Lily. Mais Paddy perd son sang froid. Dès lors l’ambiguïté de tous ces personnages et de la situation qui leur est imposée va jaillir en pleine lumière ! Les illusions familiales et les relations humaines ne résisteront pas à la réalité.

Lily adore son frère, mais ne comprend pas réellement son engagement politique, elle ne l’avait pas vu depuis 5 ans. Habitant Londres et elle-même, maîtresse quasiment entretenue d’un homme d’affaires, elle est coupée des affaires irlandaises. Mais elle était surveillée par l’IRA qui connaît tout de sa vie anglaise.

Paddy est sincère son engagement dans l’"Organisation" est idéologiquement sans faille. Mais il a failli dans l’action le jour J.

Hugh Ward vient rappeler à Paddy que tout groupe clandestin a ses lois et que la discipline est un principe de base. Son but est clairement de surveiller Paddy et pourquoi pas l’éliminer.

Du grand Broderick, dans ses combats habituels, la religion, l’hypocrisie, le rejet de la différence, l’espèce de vie codifiée

que, lui, écrivain homosexuel et alcoolique, a toujours refusé. Ce crime n’est que le prétexte pour dire que, comme les personnages de ce livre, nous fuyons souvent des contraintes qui comme Paddy, Lily ou Ward nous dépassent.

Extraits :

- Personne ne s’y était jamais reposé, personne n’y avait aimé, n’y était mort, ne s’était disputé, n’y avait haï. C’était une impasse au fond d’une impasse.

- L’ultime choix entre l’hypocrisie et l’acceptation totale du code, écrit ou non.

- Deux choses seulement en ce monde faisaient luire de plaisir ses yeux pâles : la mort et les curés.

- Les deux vieilles femmes ne se parlaient qu’en cas d’absolue nécessité. Elles habitaient la grande maison vide comme des étrangères, attendant silencieusement la mort.

- Il dit qu’il tient son Organisation pour le gouvernement légal du pays.

- Assassinat ? La belle voix monta interrogativement sur la dernière syllabe. Pour nous c’était une exécution.

- Oh, mais l’orgueil a son châtiment, on ne se moque pas de la parole de Dieu

- Si vous voulez mon avis, l’Irlande décline joliment depuis que les Britanniques sont partis.

Titre original : The Fugitives

Editions La Découverte

Autre chronique de cet auteur :

Le parfum de l’argent.

Comments

[Eireann yvon]

Justement, cela m’intéresse de connaître les possibilités de trouver des auteurs irlandais hors des médiathèques de Bretagne.
Merci d’avance.
Yvon

[Sic]

belles photos, demain j'irai à ma médiathèque au Mans, je crois que je vais aller rechercher les livres que j'ai vu ici.
amicalement merci Sic