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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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14 novembre 2006

INDRIDASON Arnaldur / La femme en vert

La femme en vert.
INDRIDASON Arnaldur.

Note : 4 / 5.
Loin des cartes postales.
Second roman de cet auteur islandais, qui nous décrit un Reykjavik cauchemardesque.
Un jour d’anniversaire dans une banlieue de Reykjavik, une enfant suce un objet qui s’avère être un bout d’os humain. Dans ce quartier en pleine reconstruction, un corps a été enfoui environ soixante ans plutôt !
Commence alors quatre histoires qui s’imbriquent les unes dans les autres. Deux sont actuelles, le commissaire Erlendur mène cette enquête avec ses adjoints Elinborg, une des rares femmes de la police islandaise et Sigurdur Oli. Mais Erlendur en plus, doit veiller sur sa fille qui, droguée et enceinte, vient de l’appeler au secours ? Quand il la retrouve, elle a perdu son bébé et est dans le coma à l’hôpital. Le médecin lui conseille de parler, alors le père se raconte à sa fille, lui explique que ses parents et lui ont quitté la campagne islandaise pour la capitale, il lui parle de son ex-femme, oubliant toute pudeur. Mais l’enquête est là, est-elle nécessaire d’ailleurs ?
Que s’est-il passé soixante ans avant dans ce qui n’était à l’époque que des résidences d’été ; la présence de plusieurs groseilliers laisse à penser qu’il y avait une maison pas loin de l’endroit où le corps a été découvert, laquelle laissée à l’abandon a été détruite. Les témoins de l’époque sont rares, leurs mémoires sont un peu chancelantes. Les troupes anglaises et américaines ont stationné dans les environs, s’agit-il d’un des leurs ? Une femme sans nom raconte sa vie, ou plutôt son calvaire avec un mari à la violence extrême, elle est mère d’une petite fille handicapée qui n’est pas de lui. Nous les retrouverons tout au long de l’enquête quand sa vie deviendra un véritable cauchemar, avec deux enfants de plus et un mari de pire en pire, monstre de sadisme.
Nous rencontrerons aussi Benjamin, riche commerçant : il était le propriétaire de cette maison, mais n’y habitait pas. Sa sœur raconte à la police que sa fiancée a disparu juste avant son mariage. Quelles en sont les raisons, où est-elle partie ? Quels secrets de famille sont enfouis dans les mémoires ? Les interrogatoires des proches de la famille de Benjamin restant en vie sonnent faux, ce qu’ils cachent a t’il un rapport avec le cadavre ? Les archéologues, chargés de sortir le corps de terre, prennent milles précautions, pendant près qu’une semaine, les policiers se posent la question, homme ou femme ?
Erlandur, le commissaire est un homme solitaire, il a quitté sa femme il y a très longtemps, son fils le voit rarement et les visites de sa fille se terminent sous un flot de reproches. Pourquoi l’avoir appelé ce soir-là ?
La femme, celle des années passées (la mère), épouse martyre, porte le poids de ses fautes. Fille mère d’une fillette handicapée, seule contre un monstre, après deux tentatives de fugues, elle s’est résignée. Ses enfants, Mikkelina et Simon aident leur mère de toutes leurs forces, seul Thomas qui ressemble à son père bénéficie de quelques bontés, les scènes de brutalités sont impressionnantes, Grimur, son mari est une brute abjecte, sorte de Docteur Jekill et Mister Hyde. Sa famille aura six mois de bonheur quand il sera emprisonné pour vol de vivre dans une base américaine, mais six mois, ce n’est pas long, l’enfer est de retour.
Le style de narration, avec ses nombreux retours en arrière est malgré tout facile à lire, car l’écriture est simple. Certains passages sont très durs, comme quand Erlendur recherche sa fille dans les quartiers de drogués de la capitale islandaise.
Un très bon roman qui m’incite à lire bientôt "La Cité des Jarres".
Extraits :
- Elle était posée comme ça dit-il, continuant visiblement à considérer l’os comme une jolie pierre.
- Je veux qu’on se marie.
- Enterré vivant, pensa Erlendur. Il porta son regard en direction des groseilliers.
Alors tu étais vivant ? dit-il en soupirant.
- Elle était allée parler avec le pasteur qui lui avait dit qu’une bonne épouse ne divorce pas de son mari.
- Elle regardait fixement la dernière parole de Robert dans son existence : Tordue.
- Au cours de ses rares sorties, Simon avait l’impression que son père était presque un être humain. Presque un père.
- Le seul pouvoir qu’il a dans ce monde, est celui qu’il a sur nous et il n’a pas envie de le lâcher. Et il ne le lâchera jamais.
- Et il vit sortir de la pénombre cette femme qu’il n’oublierait jamais de sa vie.
- Elle essayait de cacher sa propre honte.
- Les enfants s’étaient tus. Le plus grand des garçons se blottissait contre sa mère. Ed regarda le mari, rangea son arme, s’avança vers lui, puis lui assena une gifle magistrale du pat de la main.
- Je ne vous crois pas soupira-t-elle. Vous êtes en train de me dire que Benjamin aurait assassiné sa fiancée, c’est bien ça ?
- Comment elle s’appelait ?
Qui ça ?
Votre mère.
Elle s’appelait Margaret.
Titre original : Graforpögn.(2001)
Editions Métailié.(2006)


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Commentaires
E
Je ne suis pas un érudit en matière de polars du grand nord.<br /> J'ai lu un Mankell, la cinquième femme, mais je n'ai continué ni avec Sjwall &Wahloo, ni avec Joensuu. Par contre je lirai 'La voix' de Indridasson assez rapidement.<br /> Yvon
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B
On avait déjà cité Arnaldur Indridason dans un précédent billet parmi les auteurs de polars venus du froid scandinave.<br /> Voici sa deuxième traduction de l'islandais : un polar, un roman plutôt, rude et sombre (il y est beaucoup question de violence familiale) comme les paysages d'Islande.<br /> Une histoire oppressante qui fait resurgir les fantômes du passé des uns et des autres. Et La femme en vert, confirme qu'Indridason est bien digne du meilleur Henning Mankell (celui des débuts).<br /> D'ailleurs c'est sans doute un signe, l'inspecteur Erlendur d'A. Indridason et le Wallander de H. Mankell partage tous les deux un divorce ainsi que des relations difficiles et conflictuelles avec leur propre fille !
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E
Bonjour Choupynette.<br /> En lisant ce livre je repensais aux documentaires sur ce pays, avec des maisons bigarrées et pimpantes. Comme quoi !<br /> Yvon
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C
moi qui avais envie de découvrir ces "polars venus du froid"... me voil servie!<br /> merci Yvon :-))
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E
Bonsoir Claude.<br /> Pour ‘La cité des Jarres’, je te fais confiance.<br /> Yvon
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