RUYSLINCK Ward / Golden Ophelia
Golden Ophelia Ward RUYSLINCK Note : 3 Coup de foudre, coup de tonnerre ! Nous sommes dans un Bruxelles un peu futuriste. Stéphane Pielk, doux et naïf fleuriste d’origine polonaise, est au commissariat. Son crime, avoir voulu se suicider, ce qui est interdit par la loi ou alors il faut faire une demande avant. Mais évidemment il faut payer un timbre fiscal pour cela et respecter la procédure ; par exemple, il est interdit de se jeter d’une fenêtre pour cause de désordre public. Stéphane n’a plus goût à son travail, il se promène le dimanche, rencontre une militante des "Droits à la fourrure pour toutes les femmes", regarde une pièce d’eau qui ressemble à un dépotoir. Sachant que le papier officiel contenant son autorisation de suicide mettra une quinzaine de jours à venir, il décide de donner toutes ses fleurs. Il déclenchera quasiment une émeute, et toutes ses affaires seront volées. Quelques jours plus tard, une course cycliste passe dans la ville qui est envahie d’une foule de badauds. Il aide une vieille femme à porter sa valise, mais elle sera piétinée par la masse humaine et en mourra. Stéphane va porter les derniers effets de cette pauvre femme à sa petite fille, et c’est le coup de foudre. Mais sa demande de tentative de suicide étant acceptée, il doit s’y plier, c’est le coup de tonnerre. Il ira demander de l’aide à une connaissance, mais pour lui cela sera le coup de grâce. A la place d’un bouquet de fleurs, il récoltera une couronne d’orties. Pour le pauvre Stéphane et la naïve Emmy, le bonheur sera peut-être pour la prochaine récolte. Une poésie et un humour qui rendent ce récit presque joyeux, mais j’ai trouvé ce livre long malgré ses 150 pages. Certaines situations dramatiques sont traitées de manière cocasse, je ne me suis pas ennuyé, mais je n’ai pas non plus éprouvé une sympathie réelle pour ce malheureux Stéphane. Je n’enverrai pas un bouquet de louanges, ni de fleurs quelconques. Extraits : -Vous ne saviez pas qu’il fallait présenter une demande par voie officielle ? N’avez-vous jamais lu le code pénal ? -Les mineurs en effet n’ont absolument pas le droit de déposer une demande. L’Etat réprouve rigoureusement les tentatives de suicide commises par des mineurs. -Voici, dit le commissaire en refermant le tiroir, modèle AZ31. -Les moyens autorisés sont mentionnés ici : poison, narcotiques, armes à feu, asphyxie par le gaz, électrocution, pendaison. Soulignez le moyen souhaité. -Il y a trente-six façons d’ôter la vie. On ne peut quand même pas les mentionner toutes. -Tout est en ordre. Je n’ai plus qu’à percevoir trente-cinq francs de votre part, pour le droit de timbre. -Les hommes qui aiment les fleurs n’éprouvent généralement aucun intérêt pour les femmes. -L’aisance, la vraie, pas la pseudo-aisance, se définit d’après le pourcentage de femmes possédant un manteau de fourrure. -Vous êtes un imbécile. Un imbécile aimable, pacifique, doux et honnête. -L’argent gagné, ça n’existe pas. Tout argent est argent volé. -Je suis malade, j’ai un cancer à l’âme, songea-t-il avec angoisse. -Au point où en sont les choses, je n’ai ni le moyen ni le droit d’annuler votre demande sans engager uneprocédure administrative compliquée et inextricable. Titre original "Stefan Pielek". Traduit du néerlandais. Edition : L’Anabase/ L’esprit des péninsules