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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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9 octobre 2006

BARRY Sebastian / Annie Dunne

Annie Dunne.
Sebastian BARRY.

Note : 4 / 5.
La vie d’une femme, rien qu’une femme.
Second roman traduit de Sebastian Barry après "Les tribulations d’Eneas McNulty ". Mais il est surtout connu comme dramaturge, grâce notamment à sa pièce "Le régisseur de la chrétienté".
Nous sommes à la fin des années 1950, dans le Wicklow. Annie Dunne et sa cousine Sarah, femmes d’un certain âge, habitent seules dans une ferme isolée. Elle prennent en pension deux enfants de leur famille dont les parents sont partis travailler en Angleterre. Commence alors une vie de surprises, de compromissions et surtout de tendresse, mais aussi de beaucoup d’incompréhension.
Toute vie à la campagne a ses voisins pas forcément de bonne compagnie, les cousinages sont nombreux, les secrets et les rancœurs aussi. Annie se rappelle sa propre enfance ; ses frères et sœur, la mort de sa mère, les difficultés du père. Elle se remémore les grandes demeures aux mains des Anglo-Protestants, morcelées par l’état après l’indépendance. Elle repense à la mort de sa mère et de sa sœur, de maladie, puis de son frère Willie tué sur le front, celle de son père dans un hospice, et la sienne à venir. La vie suit le cours des saisons et petits drames quotidiens, Billy, le poney qui s’emballe, faut-il le vendre ? la poule qu’il faut tuer pour un repas. Ses joies également, le grand-père des enfants qui arrive. Un mal insidieux ronge la campagne, la solitude des uns et des autres, la vie dans des fermes vides, le dessèchement physique et moral des hommes et femmes, l’absence d’enfants. Mais une nouvelle va bouleverser la vie d’Annie, Sarah sa cousine qui l’héberge envisage de se marier avec Billy Kerr, son cadet de quinze ans !
Annie, la narratrice, qui née bossue, n’a pas toujours été heureuse, son beau-frère l’a mise à la porte de sa maison quand il s’est remarié. Sa famille était des gens en vue dans la région ; elle ne vit que grâce à la bonté de sa cousine. Une certaine fierté l’empêche d’établir des relations normales avec son voisinage, elle, fille d’un officier de police qui servait l’autorité britannique !
Magnifique description de la campagne et de ses habitants avec cette phrase pleine de vérité :
-Les gens de la campagne ont mis au point au cours des siècles une sorte de silence pendant qu’ils boivent le thé. Beaucoup de choses peuvent être dites durant ces silences, ce sont des éléments dangereux.
Une certaine pudeur paraît retenir l’auteur comme si nous étions des éléments perturbateurs de la narration d’Annie qui déjà semble mélancolique et être vraiment passée à côté de sa propre vie.
Le monde d’Annie est à l’agonie, l’avenir est là, et il sera très différent de ce qu’ont connu les gens de son époque.
Un livre intimiste, comme je les aime. Une vie qui aurait pu être celle de la ferme à coté de la maison de ma grand-mère dans mon enfance.
Extraits :
-Seul l’aspect immuable des choses pourrait le retenir dans son pays, rien d’autres.
-Ne les gâtez pas, dit-il.
Non. Mais nous prendrons soin d’eux, pour sûr.
-Elle n’est pas belle selon les critères reconnus de la beauté, mais elle est attirante, désirable.
-Six heures et demie, dit-elle. Tatie Annie, aucun être humain ne se lève à six heures et demie.
-Tout le monde sait que mon grand-père était autrefois régisseur là-bas.
-Quand Maud, vivait encore, il en plaisantait : "Annie, tu portes la lune sur ton dos", ce qui était gentil.
-C’était une période épouvantable et Sarah Cullen m’a recueillie.
-La pluie de Wiclow a la folie en elle comme une maladie, une fièvre.
-C’est une femme mauvaise et arriérée.
-Je me sens parfaitement satisfaite, en paix avec Dieu et les hommes.
-Il est ce que l’on appelait jadis sean-aimseartha, un enfant d’autrefois.
-Soixante et un ans, ferrée par un homme de quarante cinq ans.
-Sarah Cullen, crois-tu qu’il te veut, toi une vieille femme sans la moindre trace de jeunesse ou cette ferme de treize arpents.
-Il y a donc un voisinage. C’est moi qui n’ai pas de voisinage, aucune conscience de son existence, mais il est là malgré moi.
Titre original Annie Dunne.
Éditions Joelle Losfeld.

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Commentaires
E
J’ai nettement préféré «Annie Dunne», plus proche d’une certaine réalité que «Les tribulations d’Eneas Mc Nulty» qui, il me semble<br /> me rappeler, faisait un peu grande épopée.<br /> Yvon
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B
Je ne connais pas ce roman mais j'ai bien aimé Eneas McNulty,truculent,picaresque et constamment surprenant.
Répondre
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