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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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6 août 2006

BESSA-LUIS Agustina / La Sibylle

La Sibylle

Agusta BESSA-LUIS

Note 4,5

Lady-Farmer.

Deuxième œuvre de cet écrivain portugais que j’avais découverte avec "Le rêve d’un chien". Je ne rêve pas mais je suis de nouveau sous le charme. Une très grande dame de la littérature et une superbe découverte pour moi.

Nous sommes dans le nord du Portugal, Germa se souvient de sa belle sœur, Joaquina Augusta Quina qui est décédée. Elle se rappelle de cette femme qui avait à la fin du XIXème siècle, alors qu’elle n’était qu’une adolescente de faible constitution et sans éducation, prise en charge la bonne marche de la maison familiale. Face à l’inertie des hommes hâbleurs et tentés par la fuite vers les villes, elle doit faire preuve de ruse et de fermeté. De pingrerie et de largesse quand cela est nécessaire, tour à tour adorée ou haïe, elle restera célibataire et fidèle à ses convictions et à sa condition de femme de la terre. Elle refusera les simagrées nécessaires pour faire partie d’une petite bourgeoisie de campagne. Mais elle se pliera au code paysan, ce qui lui vaudra, non pas l’amitié mais le respect de ses voisins. Elle se tiendra à l’écart des troubles politiques ; sur le tard pour meubler sa solitude ou par peur de vieillir elle adoptera un enfant, Custodio, fils d’une comtesse qui lui semble de la famille. Celui-ci en grandissant se révélera un être veule et égoïste, incapable et dépensier.

Des personnages à foison pour accompagner toute la vie de Quinta, de paysans anarqueurs et querelleurs, en propriétaires terriens ruinés, qui semblent descendre de mariages consanguins depuis de nombreuses générations. Mais quel beau portrait de femme que celui de Quina, quelle volonté pour s’imposer dans ce monde où encore une fois les hommes ont un très mauvais rôle. Comme Custodio, beau comme un ange, méchant comme un diable, stupide et inconscient, dont le comportement gâchera la vieillesse de Quinta qui perdra tout son jugement devant cet enfant puis cet adolescent.

Une belle écriture, très raffinée. Des descriptions parfois cruelles mais très proches de la vérité d’un monde en pleine crise de mutation. Un livre très fourni en détails et une superbe histoire, une femme que l’on regrette de quitter, mais la vie est ainsi faite.

Il me semble que je vais lire d’autres ouvrages de cette dame.

Extraits :

-Elle était ce résultat final des dégénérescences, l’artiste, le produit de la nature le plus gratuit, qui peut se définir comme une inutilité immédiate.

-Il ne pouvait concevoir la femme que pour deux raisons : la beauté ou l’importance financière.

-L’irrémédiable n’a pas besoin d’être soupesé.

-Elle y trouva une femme mince et jolie, avec cet air de langueur qui est déjà un glissement vers la vieillesse, qui a renoncé à prétendre à la fragilité pour être déjà une décrépitude.

-Stupide jusqu'à l’invraisemblable, on aurait dit qu’il inventait ses propres mésaventures dans l’intention de faire rire tout le village.

-Ils meurent enfants, après avoir assimilé tout le savoir des adultes.

Titre original : A Sibila. (Portugal)

Editions Métailié.

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