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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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10 mai 2006

SAYERS Peig/ Peig.Autobiographie d'une conteuse irlandaise

Peig

Peig : autobiographie d'une grande conteuse irlandaise.
Peig SAYERS.

Note: 5 / 5 .
" Et le vieux monde aura déjà disparu ".
Peig ne sachant pas écrire dicte à Michéal, son fils, ses souvenirs, Elle est la dernière survivante du trio* des conteurs écrivains des îles Blaskett. Elle enregistrera 350 contes pour le comité de préservation du folklore irlandais. Elle possédait un vocabulaire de 80000 mots de gaélique, et servait de professeur aux plus grands linguistes de l’époque.
La vie d’une femme dans la péninsule de Dingle, puis dans la "Grande Blasket " qui fut évacuée définitivement en 1953.
Peig est née sur le "continent", d’abord servante depuis l’âge de 12 ans, elle est "donnée" à 19 ans, en mariage à un pêcheur des îles. Son mari est un homme bon et courageux, mais la vie est rude et elle ne connaît pratiquement personne, mais les îliens sont chaleureux. La mort est présente, la religion aussi. Les enfants meurent de bonne heure, les hommes aussi, souvent en mer, Peig aura 10 enfants, 7 survivront. Après l’accident qui coûtera la vie à Tomàs, son frère Muiris efface le prénom anglais qui est inscrit sur le cercueil pour le remplacer par la version gaélique. La défense de la langue est un devoir :
- "J’ai toute ma vie fait ma part de travail pour la langue irlandaise".
Après le décès du mari de Peig, l’exode est la seule solution pour les enfants, tous partiront en Amérique, un seul reviendra. Les anecdotes de sa vie et des histoires mi-réelles, mi-imaginaires racontées pendant les veillées nous plongent dans un monde simple, mais hélas disparu, Peig et son beau-frère aveugle y sont excellents et les voisins sont toujours les bienvenus. La vie devenant trop précaire, il faudra partir.
La couverture nous montre Peig, magnifique photo noire et sépia, la mine austère, la quatrième de couverture nous la montre, goguenarde, la pipe à la main, laquelle des deux est la vraie ?
Elle mourra à Dingle en 1958.
L’écriture est simple, voire naïve, mais il faut se remémorer le contexte. Le premier des deux contes qui clôt ce livre est très amusant et prouve que ces gens pauvres avaient le sens de l’humour et de la dérision.
A découvrir absolument.
Quelques chiffres :
en 1821 il y avait 128 habitants sur l'île, en 1925 /150 en 1947/ 50 et en 1953 au moment de l'évacuation il ne restait plus que 20 !
Le poète Desmond EGAN rend hommage aux îles et à ces auteurs dans son recueil de poésie « Peninsulia » :
Les fières chaumières s’affaissaient
De l’intérieur comme le gaélique et
Les vents d’Europe
Soufflaient par les fenêtres béantes.
O’Criomhthain, Peig Sayers , Muiris O’Suilleabhàin*.
Extraits :
- An Blascoad m
ór (La grande Blasket) ne fut pas la seule île habitée de l'archipel, mais elle en fut la principale. C'est là que Peig Sayers passera cinquante années de sa vie ….
- Je suis une vieille femme à présent, un pied dans la tombe, l'autre tout près du bord ….. il en a fallu des joies et des peines, depuis le premier jour de ma vie jusqu'à aujourd'hui même.
- Je revois clairement l'époque où l'irlandais fit son entrée dans les écoles. Notre école fut l'une des premières de la contrée à l'enseigner, et ce fut là tache plutôt aisée,  car c'est dans cette langue que nous  autres enfants de D
ún Chaoin avions été mis au monde et élevés.
- Qu'une nouvelle fois, je faisais face à ma terre natale ; mais ce voyage n'était en rien semblable aux autres.
- « Ceci est un grand soulagement pour moi, car tu es le premier cadavre qui entrera au cimetière de Fionntr
á dans un cercueil irlandais. »
- C'était le temps où les étrangers venaient nombreux sur l'île ; ils restaient même souvent un bon moment avec nous.
- « Je me souviens du temps où les gens se rassemblaient pour danser sur la lande. Le sonneur qui les accompagnait était surnommé le Chevelu, à cause de sa longue tignasse de cheveux gris. »
- On dit souvent que la perte du dernier être cher est la pire de toutes. Et voici que j'apprends il y a peu de temps, la mort de mon fils P
ádraig 'aux États-Unis....
Éditions : An Here (1999).
Liste des ouvrages concernant les îles Blasket en français :
*O’Criomththain :Thomas O’CROHAN /L’homme des îles.
Peig SAYERS/Peig.
Muiris O’Suilleabhàin :Maurice O’SULLIVAN/ Vingt ans de jeunesse.

Eibhlís Ní Sh
úilleabháin: Elisabeth O'SULLIVAN / Lettres de la Grande Blasket.

 

 

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Commentaires
M
Je glisse ici quelques lignes que j'ai rédigées il y a un moment et postées ailleurs, elles complètent ton bel hommage à Sayers Peig.<br /> <br /> "Je fais de mon mieux pour faire un portrait fidèle des gens que j'ai connus, pour qu'on pense encore à eux une fois qu'ils seront dans l'autre monde. Des gens passeront au-dessus de nos têtes; il se peut même que certains s'aventurent dans le cimetière où je repose; mais des gens de notre sorte, il n'y en aura plus. Nous serons là étendus et tranquilles et le vieux monde aura déjà disparu." <br /> Sayers Peig, Autobiographie d'une grande conteuse irlandaise, traduit de l'irlandais par Joëlle Gac, introduction de Pêr Denez, préface de Mícheál Ó Guithín, Éditions An Here, 1999, page 290. <br /> <br /> Connaissez-vous Sayers Peig ? Peut-être pas. Son nom est pourtant inscrit au panthéon de la littérature irlandaise. <br /> <br /> Née à Vicarstown en 1873, Sayers Peig est élevée dans la péninsule de Dingle, à l'ombre des contes dont son père lui fait le récit pendant les longues soirées hivernales. C’est tout le folklore des lieux qui défile chaque soir devant cette petite fille. Qui n'a de cesse d'emplir son esprit de ces merveilleuses histoires. De quoi lui faire oublier de temps en temps sa condition misérable et le travail pénible de domestique qu'elle exerce depuis l'âge de douze ans. Le temps passe, Sayers grandit sur le continent irlandais. À dix-huit ans, elle est donnée en mariage à Pádraig Ó Gaothín, un pêcheur des îles Blaskett. Elle emménage sur la Grande Blaskett qu'elle ne quittera plus. Sayers Peig donne naissance à dix enfants, dont sept survivront. À la mort du père, tous s'exilent aux États-Unis. Un seul rentrera au pays retrouver sa mère qui vit alors avec son beau-frère aveugle. <br /> <br /> En dépit des difficultés de la vie, Sayers Peig garde intacte sa passion du conte. Et son goût pour les traditions est toujours vivant en elle. Vient alors son tour de raconter des histoires à ses enfants et à son entourage. Pour la plupart, des épisodes de sa vie rude ou des récits sur la condition sociale de l'époque. Ou sur le travail des femmes. Sur l’enfance ou la vie qui passe. Peu à peu, c’est toute l’histoire irlandaise que Sayers Peig distille dans ses pensées. En arrière-plan de son œuvre, des événements tels que la Grande famine, la partition de l'Irlande, les luttes indépendantistes, les combats agraires et sociaux… <br /> <br /> C'est également un magnifique portrait de la vie insulaire que brosse Sayers Peig. Mais encore une fresque historique des Iles Blaskett. Iles qu'elle a appris à aimer plus que quiconque. Le destin de tout un peuple, mêlant événements socio-politiques et légende. Un monde qui nous semble aujourd'hui si lointain, issu d'un autre temps, d'une autre vie. Des rapports humains qui ont disparu, des conditions de vie précaires où le mot solidarité revêt alors tout son sens. <br /> <br /> Les Iles Blaskett se sont peu à peu vidées de leur substance vive. Elles sont officiellement évacuées en 1957. L'archipel est aujourd’hui encore inhabité. Les habitants ont pourtant cru à un dernier sursaut lorsque le courant « Celtic Revival » s'est intéressé au folklore et aux conteurs du lieu. Mais cela n'a pas suffi. <br /> <br /> Après l'abandon définitif de l'île, Sayers Peig se retire à Dingle où elle s'éteint en 1958, après un séjour de plusieurs mois à l'hôpital. Elle était la dernière survivante des trois grands écrivains des Iles Blaskett. Avec Tomás O Criomhthain (Thomas O'Crohan) et Muiris O'Súlleabháin (Morris O'Sullivan). <br /> <br /> Son œuvre a survécu grâce à son fils Michael, qui notait chacune de ses histoires et tous les souvenirs qu'elle racontait à ses proches. Dernière grande conteuse des Iles Blaskett, Sayers Peig a également été une militante fervente au sein du comité de préservation du folklore irlandais. Elle qui ne savait pas écrire… elle maîtrisait plus de 80 000 mots de gaélique. Ce qui l’a conduite à être la traductrice des plus grands linguistes de son temps. <br /> <br /> Les récits de vie de Sayers Peig sont tout à la fois riches et simples. Alternant humour et gravité. Il convient cependant de rester vigilant quant aux traductions proposées, tant certains termes gaéliques ont peu d’équivalents dans la langue anglaise… ou française. D’aucuns ont également ajouté leur touche personnelle à ces récits, y insérant des éléments biographiques concernant la vie de Sayers Peig dans les Iles Blaskett. On ne peut toutefois que se réjouir de l'excellente traduction de Joëlle Gac : Sayers Peig: Autobiographie d'une grande conteuse irlandaise (op. cit.). À cette étonnante autobiographie, il convient d'ajouter la lecture de An Old Woman's Reflections: the Life of a Blaskett Island Storyteller (Oxford University Press, 1977), recueil de souvenirs personnels de Sayers Peig et autres histoires témoignant de la tradition des Iles Blaskett.
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